dimanche 10 mai 2009

10 mai 2009

être dans la peau d'un autre pour faire plus de place en soi
laver le corps
qui ne t'appartient pas
extraire de ce moment
un espace intercalaire
capter l'absence
la solitude à craindre

être dans la peau de la femme
celle qui nourrit
qui tend la vie
la serre de si près

être dans la peau de l'homme
le fardeau d'extirper
une plénitude
difficile à trouver

entre chaque déplacement
prendre un temps d'arrêt
vérifier l'état du saule
la couleur du genévrier

entre chaque déplacement
s'oublier un peu
cesser de croire à d'autres subsistances
la mort telle une soeur de sang

samedi 9 mai 2009

9 mai 2009

tu étais immobile ton visage immuable impassible de comparaître à l'asile ta peau lisse le front tiré par des années de rétention

l'exécution comme seule histoire fatale aucun sursis que justice soit faite la déconnexion planifiée du comateux déjà conscient

renfrognement pour blinder les membres inférieurs attente du bourreau habillé en civil le jury ayant prétendu au jugement de l'acte la cause en appel à la peine capitale

Jour J la salle à retardement remplie des visages témoins humanisme flétri la scène pour raser le désastre à venir

prétention assermentée du gouvernement le châtiment donné à huis clos sous les lampes alcalines des songes éthyliques

la persécution d'un État réprobateur le service ayant servi la servitude de servir à chacun sa piété à chacun son innocence

jeudi 7 mai 2009

7 mai 2009

fusions confusions entremêlées des ondes fluides des fumées disparates qui se dilatent la brume la fièvre et d'autres anévrismes

une danse par terre les jambes panthères ça parle le langage des tambours et le trimbalement des timbales vibre

tension salvatrice la soutenance du verbe court la plante carnivore qui pousse en accéléré c'est déchaîné le poivre rouge ou noir de nos cratères sauvages ça s'embourbe plus tu bouges plus on se relève

la bête féroce sort de sa tanière sent la chair et désire dévorer la terre entière cran acéré les crocs sont gros tant pis dit-il tant pis dis-tu la crinière entrecoupée de rameaux

c'est la jungle le feu brûle nos yeux il y a la savane mais elle est sèche aride mirage du rythme percutant

pouls du guerrier tes sens soulèvent la haine qu'attends-tu de ta vengeance et lorsque tu auras manger le coeur de l'ennemi où iras-tu

cri du chaman dans la brousse ça te sauve les boucans entassés dans les élucubrations du sage de sa tente des signaux communiquent aux nuages des présages violacés

en sang tu l'affaisses le torse empli des dieux soleil et des couteaux totem ton crâne s'ouvrant vers les anciennes contrées que tu cherchais tant là où l'or brille éternellement

là où l'or brille éternellement

mercredi 6 mai 2009

6 mai 2009

m'accordes-tu un instant ai besoin de replacer ma frange elle me cache de tes soupirs couvre mes questions de givre

ne te demande pas de t'asseoir car le sol est gelé il s'agirait que tu perdes la notion du temps pour figer

il n'y a jamais de mots échangés entre nous que des signes des silences partagés nos promenades matinales plongées dans les amertumes du monde la rosée parsemant des notes de vin blanc à naître

la semence de nos pas faisant l'amour au paysage bleu ta nuque penchée me faisant penser à la lune qui s'offre dans ses quartiers les plus intimes

m'accordes-tu un instant la paix m'échappe et ma tête un branle-bas de combat perpétuel ne crée que du froid des frissons où les chants des mésanges ne suffisent plus pour m'étreindre ta stature érigée comme une armée de tendresse tendue au bout des lèvres prononciation muette de notre relation étrangère

le fantôme de ma robe de nuit s'étiolant sur les psaumes de tes antichambres et toi encore solennel tes yeux mouillés sur mes cils plus que jamais amoureux

lundi 4 mai 2009

4 mai 2009

père et mère se berçant
sur le balcon fraîchement repeint
le bois ayant vieilli
soutenant la taille d'une maison

ils écoutent Léo Ferré
la voix s'infiltrant aux travers
des moustiquaires

lui lit le journal
elle retisse quelques détails
des bribes évaporées
dans les souvenirs du temps

un duo d'élans qui se synchronisent
avec l'âge
la complicité grandit
près du coeur
et des cheveux grisonnant

court enregistrement
sur petit écran
script pictural

ma mère au teint inséparable
mon père aux yeux interpellés
et moi le témoin le fils le survivant
le spectateur avide
de faire renaître
nos spectres encapsulés

samedi 2 mai 2009

2 mai 2009

Mort absurde II

le portrait de l'obèse en bobette verte turquoise à pois jaune fluo la craque suintante aux plis de limaces graisseuses béantes ouvertures violacées du haut de ses 5 pieds 2 aplatis à force d'être debout la pesanteur de son postérieur égale à la masse latente de l'expansion à prendre il tente d'attraper la hache nichée au dessus de l'étagère

l'enjeu : se libérer de ses maillons le retenant d'ingérer toute nourriture contenant plus de lipides que de glucides la porte du réfrigérateur barrée à double tour par son tortionnaire imaginaire

cagoule le protégeant du ridicule les bourrelets s'empilant comme des strates de boue gluante soulevéee lors de luttes romaines de femmes déshabillées bêtement dans le seul but révélé d'énerver les goinfres qui les regardent avidement

tâche épuisante il renifle grogne et salive en se tapant la panse d'être fier d'appartenir à la race des poids lourds à recueillir en plusieurs versions

le bougre de 400 livres pèse la balance de ses possibilités et s'élance tel un sumo déchaîné ébranlant violemment les pauvres tablettes de mélanine non conçues pour résister à de telles charges la hache dans une danse du loup libéré prend enfin son élan dans les airs le plafond l'encourageant dans un rebond à pénétrer la chaire qui ballotte sous elle

vendredi 1 mai 2009

1er mai 2009

Mort absurde I

empalé par l'enclos de sa vache parce que celle-ci se rebutant sans cesse à la zoophilie subite s'est vengée à l'ancienne en se déchaînant au beau milieu du lot pendant l'ébat routinier du matin le sabot en l'air faisant revoler la pâture de l'homme échevin au pourtour pointu du haut de l'enceinte finement aiguisée des rondins de bois dur comme accueil solennel de l'amant se prenant un peu trop souvent pour un taureau puissant l'atterrissage fatal calmant à jamais l'amour soudain du bovin asservi à la culture généreuse des mamelons de lait

mercredi 29 avril 2009

29 avril 2009

épine dorsale déviante la colonne alourdie par les passages incessants des transports en commun la commune mesure transportée à tous les arrêts des banlieues périphériques des terrains vagues semant des faiseurs d'enclumes des remueurs d'amertume la mélancolie attachée au rétroviseur

s'étendre le bras pour prendre l'appréhension de donner de recevoir d'être reçu la sensibilité à fleur de peau la farine saupoudrée légère sur les comptoirs encombrés doses plus ou moins subtiles de kérosène

chantier à découvert nourritures intellectuelles le rouleau à pâte mâtant la recette de s'être déplacé la quantité incorporée aux cernes de fatigue la phrase assassine en train de cuire à 370 degrés

lundi 27 avril 2009

27 avril 2009

tu croyais couper court
alors que tes traits s'allongeaient
tu désirais avoir la foi
tenter d'épurer tes rêves
transcender la réalité

tu voulais mettre en poudre ton passé
le moudre et mordre à pleine dent le moment présent

la moulure de ton espace restreint
et l'infarctus de ton cactus mental

trop de trucs de tracas cacatoès
les calculs calfeutrés de ta survie
retenus à la source

dimanche 26 avril 2009

26 avril 2009

flagellation mélancolique
tes phrases me giflent
une à une elles s'écrasent
sur mes joues échaudées
ton pouce enflé
au couleur de tes verbes brûlants

tu me surchauffes les tympans
qui se perforent
sous l'affaissement des perséides
trempées dans les ultra-sons

samedi 25 avril 2009

25 avril 2009

elle est morte à la bonne date celle qu'elle avait choisie c'était important pour elle de terminer ses besognes d'expier la plupart de ses tourments toute sa vie durant réglée au quart de tour à 6h la levée l'entraînement la brasse se propulsant au podium

elle poussait de ses larges nageoires la connexion des branchies à l'air extérieur dépaysement elle tentait le moins possible d'aspirer le chlore

pour se constituer une charpente ses arêtes aussi dures que l'azur ses dents à l'émail pur trente années à se déchaîner la nage olympique les compétitions les courses contre la montre chaque centième de seconde comme des fractions à retenir ayant le pouvoir de réchapper une année entière d'endurance

mais l'assaut l'usure une fracture facture fatale la somme de sa lassitude ses ascensions prenant trop de place des vieillesses doublées au carré la racine qui se frictionne à l'alcool distillée

l'embargo et le piano du 20e répondant au montant de la chute c'était la bonne date celle qu'elle avait prévue ou souhaitée lorsqu'elle complétait ses réchauffements avant d'étreindre les limites

une carcasse médaillée à plusieurs reprises et reprisée maintes fois pour répondre aux souhaits de la famille

départ départi l'exposition maintenue le salon mortuaire tel un gymnase au repos obligé la serviette allongée sur le cercueil comme un tissu enveloppant les sarcophages les plus fameux

un mémorial à sa santé

vendredi 24 avril 2009

24 avril 2009

à l'autre bout de la passerelle
un homme
sa carrure plombe
revêt le noir
du grand corbeau

il attend surréel
l'immuabilité du brouillard
laissant entr'apercevoir
ses contours imposants

l'inquisiteur du pont
stationné à l'entrée de ses pieds
le poids de sa gravité
franchissant la doublure de son menton

chevalier ténébreux ou cowboy funeste
il encombre sa stature
pour intimider
l'angoisse palpable de sa vision

de l'autre côté
à l'autre extrémité
le duel des peaux
l'adversaire paré à l'assaut

l'épaisseur de l'eau
lorsqu'un plongeon bouleverse

jeudi 23 avril 2009

23 avril 2009

faire les cent pas
arpenter les corridors
qui nous empêchent de pénétrer
à l'intérieur des chambres secrètes

ici le temps n'a pas d'emprise
il traite tout le monde de la même façon
rien ne le retient
aucune dette
aucun rendez-vous urgent
que des listes d'attente interminables

le temps ne tourne pas
il rampe
se traîne du mieux qu'il peut
entre les horaires de nuit et les quarts du matin

horde des peinturés bleus
le masque de fer à souder
couvre de reculons les transitions

faire les cent pas
pour la énième fois

ma mère pétrie au fil des ans
qui se prolonge
le métier à tisser les âges dans le rouage

la roue vieillie
et comme toute poulie
lâche
à l'usure

mercredi 22 avril 2009

22 avril 2009

vrilles parcellaires
pupilles dilatées
les formes vibrent
sous les charmes
de nos arbres
habillés de rouge
leur cime comme des ronces
rance l'acide d'une salive
ravalée
tant d'années à circonscrire nos silences
assidûment arrosés
tant et aussi longtemps
que les matins s'éteignent

comment faire pour me rallumer l'approche en devanture
l'approche aux cils insistant
sifflements amoureux
comment résoudre l'attente du talisman
inexistence de la souche

l'arbre à s'en aller derrière nous
me laissant tel un tas d'os à en devenir
engrais frais de mes fantasmes fugaces

mardi 21 avril 2009

21 avril 2009

passage de l'autobus provoquant des ombres d'images
sur le devant des papiers roulés
de la gomme à mâcher
des publicités effilées sur du flou

ça bouge trop vite
pourtant rien ne bouge
dans le mouvement
notre immobilisation
au ralenti les choses nous apparaissent plus grandes

est-ce l'histoire d'une attente ponctuée de passants
quelle heure est-il se demande la femme au manteau froissé
l'angoisse d'observer
d'être celui ou celle qui observe

à la queue-leu-leu l'on pense toujours découvrir la ligne
la ligne jaune appelant l'attention du piéton
à l'intersection une caméra
puisqu'on est filmé
peut-on toujours regarder au même endroit

et si l'on traversait

au coin de la rue no 438
les chiffres peinturés en blanc sur un bloc de ciment

à quelle époque sommes-nous

aujourd'hui hier

les escaliers vacants

pendant que les automobiles roulent
et que les passants passent

l'accélération des images

pour recevoir l'ordre d'attendre
contraction du temps
relâchement

si l'on inverse la pellicule

qu'est-ce que ça donne

tout le monde s'arrête

sans jamais rien demander à personne

tout le monde s'arrête
à des endroits isolés du bruit
à des endroits isolés du bruit

lundi 20 avril 2009

20 avril 2009

suis la victime de ma propre vie
ton nom le mien telles des éponges carcérales
chaque prétention
chaque intention
tenue à la subtilité
à la susceptibilité du geste incongru

faire attention
ou prétendre à l'harmonie
au semblant d'une conduite acceptable
le social inséminé et distribué dans des éprouvettes stériles

rendre infertiles les jardins qui nous séparent

orgasme à contraindre
sphère intensive de nos sondes superflues
les contours perturbent la vision
ponctuent nos transparences

suis la victime des êtres en vie
parce que seule ne suis pas utile
l'espoir se transmettant dans les traces de l'autre
dans l'approvisionnement du semblable à soi

des êtres pris en otage parmi des êtres pris en otage parmi des êtres pris en otage
ritournelle perpétuelle
de la même phrase formant une spirale de nouveaux corps qui se réveillent

dimanche 19 avril 2009

19 avril 2009

son imperméable jaune serin deux fois trop grand pour elle le chapeau enfoncé sur ses cheveux aux boucles si denses presque aussi écarlates que ses joues affolées trapèze écartelé sur la scène de ce cirque sans chevaux la chute de pluie telles des rafales de vent qui déferlent sur la glace intercalée

elle bloque à la fois la sortie et l'entrée debout dans les entrejambes d'une ville déserte les lumières de rétention pratiquant toutes le même clignotement d'atomes qui brûlent la torche virulente suspendue au porche de ses pas à créer

son imperméable remonté au menton le bout rond de son nez d'athlète pinçant la flèche à transmettre une incertitude respectant les distances du message à transparaître ses paupières closes empreintes des temps à gagner le flambeau d'une sagesse promise

paix de femme debout prête à braver la mort son visage oblong imprégné de la montagne aperçue au loin un jour où elle croyait encore à l'espoir de vaincre

samedi 18 avril 2009

18 avril 2009

des bobines de fil déroulent dans l'herbe la débandade du dernier né la tête à l'envers en train de se balancer le globe rebute se percute sur les barreaux métalliques des pneus banane prêts à voyager dans la galaxie montante toi et moi nous sommes petits et c'est normal que nous puissions fabuler la glissoire comme un énorme observatoire et il y a la tournée des billes à lancer

des bobines de fil déroulent dans l'herbe pellicule expérimentale la trame narrative s'invente aux travers des déboires des grands montés sur leurs échasses leurs praticables insurmontables les nombreuses perspectives tissent une toile crochetée soigneusement par des doigts d'épouses éblouies épuisées à se bercer le temps qui picosse leurs lunettes en demi-lune pesant le détail du dévouement à l'ouvrage la lampe d'appoint fidèle au poste pour permettre la tranquillité presque parfaite de s'installer la provenance d'une statut à l'état stable

des bobines de fil déroulent dans l'herbe Bobin se penchant sur son reflet sensible un talisman à la bouche pour se protéger des dieux indécis de leur provenance et du sort réservé aux muguets qui ne poussent qu'au mois de mai la petite robe de fête à poindre au bas des escaliers du pallier propre où gît le passant qu'on attend

vendredi 17 avril 2009

17 avril 2009

il s'était levé plus tôt qu'à l'accoutumée
son café instantané sorti du congélateur
ne lui fournissait pas les résultats escomptés
seulement l'acidité des grains pauvres
parvenait à déranger la cloison de son estomac

le néon suspendu bêtement au plafond de la cuisine pratiquait des rites de passages
échangeait des grésillements suspects
avec le calorifère de service
le courant électrique probablement atteint par la gangrène
des caillots bloquant la circulation d'électrons libres
parfois des poussées de fièvre parfois des arrêts cardiaques par intermittence
une toux partielle

il pensait à ses pairs qui ne l'attendaient plus depuis des décennies
par chez-lui on le croyait mort
et il l'était
en quelque sorte

sa substitution
ou pire encore
sa perpétuité

jeudi 16 avril 2009

16 avril 2009

de biais être frappé par la couleur forte des vitraux un jet condensé d'écume flot continu de poussières figées faisceau pénétrant dans l'entonnoir d'une mort le crâne phosphorescent

assis sur la moulure échancrée du bois riche la colonne travaille s'exerce à fendre l'échancrure des yeux qui se ferment ployant sous le poids des courbes qui s'inclinent

la mine s'offrant au clair-obscur le haut des lèvres allumé le bas aveugle ramification des sièges parallèles formant des alignements à angles droits

la pénombre côtoyant les quelques soubresauts qui cohabitent avec l'encens et l'orgue ça fait sens d'attendre toute une vie de se rendre à l'autel demander pardon en s'agenouillant les bras relâchés lâcher prise laisser choir toute la charge

il lui l'homme à la voûte cambrée du dos encombré l'effacement du visage sa vie s'estompant comme du pastel que l'on étend sur du papier mat la pose du tremblement millénaire parfaitement rangée dans ses souliers

à travers lui une lance transperçant la racine à l'origine de ses chaînes transversales la salle vide aux sens plein d'eau de vie

mardi 14 avril 2009

14 avril 2009

Dômes là où il fait noir en permanence parce qu'il manque d'air on asphyxie encapsulé aucun moyen de ventiler d'ouvrir de s'inventer un second réel

Dômes pendant que les cathédrales s'effondrent et que le soleil disparaît on ne peut faire autrement que de rapetisser se réduire à l'état du cendrier

Dômes ou le mutisme la déchéance déviances masquées mais acceptées par tout le monde par tous les invités parce que c'est trop pressant d'alimenter le désenchantement global

Dômes au pluriel pour être sûr d'en avoir assez se prendre au pied de la lettre s'enfarger dans les marges dans les mots on ne dénombre plus l'infortune que cette folie nous occasionne

Dômes par-dessus les gratte-ciel ça nous gratte le dessus de la tête à longueur de journée et on ne s'en rend même plus compte on est rendu aseptisé la solitude d'être enfermé cloison prison massacres encouragés le viol perpétré en plein zénith mais pourquoi donc faudrait-il se gêner

Dômes ça sonne angoissant c'est hilarant la zone presque sobre du statu quo pendant que les monstres se dévorent entre eux la démangeaison des murs qui nous bloquent vision entrecoupée du borgne écervelé

Dômes on ne retient pas son nom le superficiel nous gagne la peur comme une éponge qui prend de l'expansion et c'est comme ça qu'on aboutit tous au même endroit à l'étage du non-retour à l'étage qui ne pardonne pas rabroue tes manières d'exécrer parce qu'ici il faut sauter parce qu'ici il faut sauter

lundi 13 avril 2009

13 avril 2009

faire la grève sur des zones infertiles
le bout de trottoir m'appartient
ne m'appartient pas
tu le piétines
et ça me tue
le martèlement du slogan
trouant l'estime de soi

ondes de choc symboliques
tentative laïque d'exorciser la faim
ça ne s'extirpe pas la faim
ça creuse
le savoir n'y peut rien
ça nourrit moins qu'une tranche de pain

malaise sous-tendu à chaque coin de rue
l'on croise des loques grandiloquentes
aux mains tendues
les doigts rabougris par le froid

acharnement tardif attardé la plainte des rôles inversés
ralliement d'un suicide assisté
bien syndiqué
il n'y a pas de quoi s'inquiéter
ta cotisation justifie l'acte
de trépasser

dimanche 12 avril 2009

12 avril 2009

la ville se referme sur elle-même
laisse passer quelques filets de peau
peau neuve
en provenance des terres anciennes
où l'ocre et le fauve se côtoient
coït senti du féminin entrouvert au masculin qui l'assaille
tourbillons de grêle et de vent
par dessus les toits de tôle les clôtures qui se protègent de la grisaille
nids protestants
écureuils habillés en civil
quelques cordes à linge se faisant violence
chorégraphie imprévisible des plantes carnivores
désarroi aux confins des métros
des guichetiers couverts de fond de teint
tout au bout de la ville une tulipe lutte pour sa survie
sa tige supportant l'atome du vivant
à côté d'elle les détritus de l'homme parapet
l'homme qui se tapisse en rampant
fuite de la ville qui se referme sur elle-même

samedi 11 avril 2009

11 avril 2009

dernière image consentante la main appelant à l'aide s'accrochant les pouces sur la poignée de porte coincée entre les gonds glamour et les glandes androïdes vite sortir ailleurs à l'intérieur il n'y a nulle part respiration coupée l'interdiction de pagayer un barrage clandestin canal où la digue s'insurge renfloue les yeux de panique flou bleuté de l'urgence où les teintes à l'air libre n'inspirent plus l'instinct de vie pulsion ayant actionné les pompes dévastatrices salvatrices oui c'est clair qu'il est trop tard pour reculer l'extérieur liquide en un refuge déluge ta place préparée à chercher la bouée un sauveur ou tout être qui bouge parce que l'entrée se bloque de plus en plus et empêche de déloger le corps étranger

perte de conscience permettant à l'inconscient d'agir inconsciemment si les genoux pouvaient seulement fléchir vers l'avant le recul plongeant à l'état du vide à l'encontre de tes gestes à grand déploiement cette chute cratère terne d'une nécessité d'atteindre l'équilibre fragile tenu par un fil habile du souffleur créateur d'espace

mardi 7 avril 2009

7 avril 2009

tu essuies ta bouche sur ma manche mon grand poncho mexicain recouvrant tes épaules exposées aux rafales

des écouteurs plaqués sur tes oreilles les mèches de cheveux qui recouvrent ta musique

par les oreillettes des rythmes vibratoires s'échappent tu te captures un espace entre tes sourcils pour m'accommoder moi et ma propre parodie

tu me supplantes la jubilation des sens gage d'envahir l'avenir semblable à des baluchons indisciplinés

sur la pointe des pieds l'intrépide mesure en clé de sol choisie la veille durant la classe de chant alors que nos yeux s'épiaient à travers les mots

tu trempais mes mains sur ta peau pour t'assurer le pouls à vive allure ta prestance me convaincant de rester conscient jusqu'au bout

lundi 6 avril 2009

6 avril 2009

ai voulu t'aimer de mon mieux
sans violence
ni me perdre
cadence carencée de repères indemnes

ai pensé en lumière claire
pour me blesser à nouveau
retraverser à tâtons les longs corridors sombres

tu avais les blues et tranquillement l'averse sur nos têtes
pleuvait par intermittence
déversement compulsif de cris étouffés
un silence qui se disloque


ai voulu t'aimer près des osmoses la transgression
l'envie impulsive anéantissement létal
du moi au toi toujours en train de justifier sa présence

dimanche 5 avril 2009

5 avril 2009

envie de se heurter soi-même
se propulser violemment
devant un camion arrivant à toute vitesse
se lancer sans penser
réflexe d'anéantir la mort
par la mort

se faire happer enfin
impact percutant
se libérer du fardeau
de mener un train de vie minable

au même moment
des centaines de papillotes
distribuées gratuitement
en mémoire des amputés de guerre

samedi 4 avril 2009

4 avril 2009

la merde à l'état de merde
les pigments de mon inertie
ou la stricte incapacité
d'exister et d'en jouir

inaptitude du dire
mal mené
mal interprété

insignifiance lourdement parfumée
à notre auto-flagellation semi-consciente

mercredi 1 avril 2009

1er avril 2009

l'étrangeté du décor qui pend
tels des oiseaux en perte d'autonomie

ma précieuse
ma farouche intrépide
pourquoi te fais-tu si petite
en ces jours infectes
on te prend par les cornes
et personne ne réagit
tu es fébrile comme un cheval
qu'on achève
un étalon ayant du vécu
d'arrache-fleuron

le far west empruntant
nos terrains vagues
nos plaintes d'hiver bloke
t'as mal en ma langue
et pourtant
aucun bruit nulle part
de ta lente disparition
un silence abrupte

Montréal au teint anglo-saxon
autour de moi ça sent la coupe à blanc
l'envahisseur s'insinue s'insuffle à la racine
de notre glotte écorchée arrachée
par des siècles de perdition

mardi 31 mars 2009

31 mars 2009

autour d'une table
des êtres fragiles dotés
d'une force qui trouble
des vieux semblables aux trous se creusant au fil des ans

distances surdimensionnées
à la base une fondation de roc
des têtes portées à bout de bras pour voir plus haut
monticule menant sur un vide
transpirations âcres

mon père ta mère et les pires écoles
mater l'indolence en position de croissance
donner envie de serrer toute sa vie
les maillons qui nous enchaînent

lundi 30 mars 2009

30 mars 2009

suis pendue
hier c'était le contact avec la terre
baiser goulu aux odeurs de boisés mouillés
ruisselant de sève
c'était l'oubli entier
du corps à l'état de nature
dure réalité d'être éveillée
membres soumis à la gravité
aux lois indomptables de l'abrupte lourdeur
le bas étant toujours en bas

suis pendue le cou
tendu tierce scission
d'une corde vertébrale
nouée à mon vertige

dimanche 29 mars 2009

29 mars 2009

au pas de la grande horloge
gravite au diapason
le seul rossignol qui gîte
comme coucou ultime chanteur
libérant les traces du temps
on sent la pluie sulfure métallique
des ressorts aux mécaniques archaïques
ouvrages travaillés du maître horloger
les dimanches dans des robes
de ressemblance
le bonnet de la bonne blanche
son tablier et le plumeau
trimbalant dans les airs
des légèretés digestes
un gobelet de cristal fraîcheur glaciaire
au pas de cette horloge le temps de la guerre l'autre côté de l'Atlantique
du plomb plombant le masque au
casque de chat
l'air ambiant ne suffoque plus
la promenade partagée
improvisée pour ma prochaine visite

au pas de la grande horloge
l'orge le blé et la cathédrale au toit vert-de-gris
le cuivre comme une mousse de sous-bois
la marche des sabots qui claquent craquent telles des allumettes
qui tisonnent frissonnent nos jambes se pressent et ouvrent
la soute aux étrangers

samedi 28 mars 2009

28 mars 2009

veux-tu bien me dire comment ça se fait qu'on a à attendre de même comme des zouaves tu le sens quand on le sait déjà qu'on est né pour un petit pain ça se gagne le respect ça se prend l'ignorance et la souffrance d'imposer notre strict minimum à autrui parce que pourquoi se faire suer c'est tellement moins suant quand ce sont les autres qui suent à notre place la loi du moindre effort c'est tellement beau ça fait du bien la déglutition sans répit pour pouvoir finalement gagner sa paye en toute tranquillité en toute légitimité parce que tout nous revient à nous c'est normal ça nous est dû on n'a rien fait pour à la limite on s'en balance on n'a même pas mérité d'être érigé aussi haut sur les rangs de l'imbécillité l'illusion rose bonbon aux cheveux blonds habillée comme tout le monde rien qui ne sort de l'ordinaire l'illusion sensorielle matricielle prête-à-porter ça va trente secondes dans le micro-ondes puis ça sort déjà pré-digéré pas de questions à se poser t'as-tu vu à la télé les annonces du Big Mac trop pas cher trop parfait les apparences moulées dans de la pâte à modeler t'es au courant que t'es un crotté sauf que toi c'est comme si tu t'étais donné le droit de penser que t'avais de la classe t'as du cash qui dépasse des bay windows fumées te donnant le look surfait d'une starlette sortant des vidanges faisant les covers des journaux jaunes pipi tu penses qu'on ne te voit pas quand que tu te décrottes le nez au volant de ta Topaz toute montée mais mauvaise nouvelle pour toi t'es filmé souris ta photo correspond parfaitement au portrait-robot au pire tu fais dur au mieux tu fais pitié tu te fais toaster en sortant de la job après que t'aies sauté la petite jeune de 16 ans qui roule les cigarettes pour tes clients moi t'attends l'autre bord de la porte être bien sûr de ne pas te manquer toi et tes "invités" avant que vous commenciez à faire taire les gens qui ont soif pour vrai

vais vous régler le portrait moi et mes gros bras ça s'arrange tout le temps comme ça quand on exècre dans la trop profonde médiocrité

vendredi 27 mars 2009

27 mars 2009

petit Paul rentre à l'école la marmaille beuglante les paires de chaussettes raclant les classes les cours de récréation à la cafétéria la première ration du soldat latent du combattant prêt à bondir pour sauver son équipe ne pas porter la queue de l'âne échapper au ballon chasseur les jeux aux jonctions partagées au lendemain pour survivre faut se lever une fois levé faut se relever et affronter la place nous revient si on se la fait

petit Paul à l'école marginal différent trop petit pour devenir grand la tonte du mouton incompris sa laine et tous nos différends parce que tout petits dans notre institution nous apprenons les règles du gagnant si tu perds t'es perdant s'inscrire à l'abattoir ou se camoufler revêtement sans couverture

petit Paul se prononce au féminin ses traits de licorne androgyne sa devanture pure et naïve prompte à recevoir le venin ingrat des tyrans de son âge dans une urgence d'enrayer toute déviance vile comme si le bataillon naissait dans l'alphabet

jeudi 26 mars 2009

26 mars 2009

ferme les phares tu vois bien que le jour se lève que les feuilles commencent à se faner
tu trembles tes membranes aussi translucides que tes pensées qu'on entend

c'est la foire les joutes mondaines les clowns et les cloches colorées
le contact au volant le pare-brise sous le choc
paysages défilant en file droite comme une fuite classique de bandes dessinées

toujours le même décor qui déroule en boucle pour économiser les mines le papier
malgré tout une fuite d'angoisse malgré les répétitions les innombrables attentes

les phares fermés on peut s'imaginer tant de rencontres tant d'histoires à raconter
la fuite du quotidien jusqu'à temps de frapper le mur toute chance ayant ses limites lors de telles infractions

mercredi 25 mars 2009

25 mars 2009

haïku - V

écriteau du père
absence inscrite à l'endos
de ses derniers vers

vendredi 20 mars 2009

20 mars 2009

écrire dans la langue qui m'échappe parce qu'elle me handicape ou est-ce moi qui ne la maîtrise plus la bride sévèrement usée ce français violent transgressant les normes de l'assimilation

oui on le sait vieux débat vieille rengaine mais pourtant si jeunes si récentes encore nos imperfections

ce sont nos voix qui résonnent en canon pendant que des postes à Radio-Can se ferment plus du tiers des pertes dans les rames franco-attardées c'est bon d'achever les mots pendant qu'ils agonisent s'assurer qu'on devienne tous des zombies la langue de bois se passant un sapin alors que notre attention est déviée amputée freinée ou juste droguée en train de s'assoupir dans les limbes affriolantes du talk good in a fucking good english country la langue des forêts bleuies et mises à blanc

consonances au complot comploté en compote conserves affirmées chez les bien conservés combien de temps encore mon existence de langue officielle sera reconnue combien d'années encore à évincer les pauvres parleurs de fraises de rhubarbe et de bleuets qui alignent leurs pneus au lieu de les mettre en parallèle

l'écriture comme prise de position d'abattre les barrières d'enfreindre l'abnégation d'une nation souffrante

c'est l'ablation du risque de résister pareil et toujours la langue des mal-en-point clopinant sur une patte la taillade incisive pour laisser s'écouler au travers des crises identitaires

c'est la marche de l'innocence on se dénonce entre nous comme des chiens battus et après on court dans les rues pour scander des phrases insalubres la marche de l'innocence se perdant sous les gratte-ciel du Montreal money making

jeudi 19 mars 2009

19 mars 2009

il était gai
comme une marque en permanence
sur le front
des tendresses révélées
ses entrailles entravant les moeurs
du pénitent
on ne lui avait pas accordé
le droit d'exister
seul l'exil
et même encore
l'effacement

les marges de rassemblement
en une seule assemblée
revendiquer ses droits d'aimer l'homme qu'il est
et l'homme qu'il aime

orientation séculaire de ceux qui tirent
les straights
qui demandent de s'abstenir
abstinence ou arrogance d'un pronostique coupable
être gai
et libre
et libéré

mercredi 18 mars 2009

18 mars 2009

tension électrique
signal de transmission

musique numérique ou dessin à numéro
état syntaxique d'un téléphone touch tone
amour binaire téléversé en fragments

compatibilité des extensions ou sauvegarde partagée
l'amertume disponible en couleurs Pantone uniquement
l'épaisseur du papier couché
sa pose sexy et pâle à l'appui
l'expression du mépris envers l'autorité des presses

encodage UTF-8 pour "univers traversé par des flèches au moins huit fois par année"
les autres jours consacrés à la navigation circonstancielle du bruit incessant des statuts mis à jour en temps réel
l'unique pensée d'une existence virtuelle - métaphysique humanoïde confinée à l'état d'âme à rendre l'âme à l'état initial
téléchargement limité de l'énergie vitale générée automatiquement
cancer logiciel piraté une puce cyclone ensevelie sous la peau

faible tension
perte du signal

mardi 17 mars 2009

17 mars 2009

tu m'as frotté le dos ta paume et le bout de tes doigts rugueux les pores rêches éraflant les parcelles de peau morte
exfoliant humain d'un contact simple
la main du père posée sur l'épaule frêle de l'enfant
pose à contre-jour où les silhouettes noires du jet clairsemé
l'encre soufflée sur des puits de lumière

tu m'écoutes de ta présence mes clapotis composent des notes claires la cuve dégageant des parfums de lavande
plusieurs pauses circulaires l'espace créant des effets de rapprochement
ta ligne qui traverse les carreaux de terre cuite
ce sont nos adieux pratiqués en silence les vitraux t'invitant à prendre le temps de m'achever
bitume se dissolvant dans un bain d'aquarelle le don pareil à ma toilette complétée

lundi 16 mars 2009

16 mars 2009

la mort m'est égale m'enterre mutile mes ambitions mon corps vieillit par lui-même ne me demande pas mon consentement subit les revers du temps me permet d'admettre l'éphémère angoisse ressac progressif mes empreintes indélébiles imprégnées de limites mortelles humain humus humer l'humeur hamamélis halo allusif d'être en vie équilibre subtil sur un tas de fumée où les tisons m'attisent tissent les filons de ma ligne qui coupe à un endroit imprécis

samedi 14 mars 2009

14 mars 2009

il a glissé le long de la paroi rocheuse
elle était à pic mais pas insurmontable
elle était vierge sur toutes ses facettes
n'avait aucuns scrupules
paraissait beaucoup plus jeune
une fossette comme rictus impromptu
brossée au creux de la joue
seulement lorsqu'elle sourit espiègle

perdu le pied le genou en proie à des érections
irruptions en apesanteur
l'heure sonnant aux grandes secousses
il n'y avait ni maître de cérémonie
ni violon d'occasion
lui l'explorateur transportant son manteau de prédateur précoce
elle pure comme du roc blanchi au soleil le tiers de ses minéraux provenant de l'eau
ils avaient fait fusion
à la première montée
l'horizon tel un précipice propice aux descentes surprises

jeudi 12 mars 2009

12 mars 2009

la femme de chambre trouve le printemps dans un panier d'osier l'apprête le dépose sur la table à manger orne les bourgeons de ses soins attentifs plante sa chair dans la terre endolorie le gel enjolivant les sols solstices
la femme de chambre berce les soleils francs encourage les serres d'ouvrir ses sources prend la main et la tire en dehors des murs pour que les pièces s'élargissent accueillent les aurores l'entière pénalité du deuil devenue rituel où la femme de chambre et sa solitude s'exposent à un équinoxe nocturne emprunté aux mages puissants mais incolores

samedi 7 mars 2009

7 mars 2009

fusion d'un tiraillement et d'une scission
comme un navire se fendant en deux
presqu'en silence
alors qu'on entendait les rives crier à l'aide

cela avait été prononcé en aucune langue audible
traduction publique sans accents
que des vagues par dessus d'autres vagues
amoncellement massif de grains de chagrin

on n'aurait pas dû débarquer
la guerre pour nous surprendre
rupture satellite entre nos deux entités
attaque hallucinogène où nos forêts respectives
recevaient du napalm en lampées épaisses
probablement l'alerte générale déclenchée sur mes seins
parce que le Nord de ma tête sous la trempe de mon sang
glacé devant l'horreur presque jaune
la folie au timbre plaintif

m'assaillir ou me ruer de coups
prendre la place du père au totem
roquettes ou mines antipersonnels en ornement
c'était l'aube
et pourtant on se serait cru nulle part
du noir opaque glauque épais englué tout autour de l'orbite
dévorant l'acidité des palmes en overdose

vendredi 6 mars 2009

6 mars 2009

doux repli sur sa suite successive
lascive fuite des amygdales sur son dos
ça glisse ça palpite
les fesses lisses et propres
elle avait du fil à tordre
à rompre la soie à essuyer

s'empreignant du quartier
la lune propriétaire de la surface du monde
des ruelles crevasses trouvailles grisailles remisées
des roues de bicyclette reposant en signe de croix
par terre reflets multicolores la craie côtoyant graffiti pamphlétaires
était-elle encore alerte
en elle
la montée de la nuit

près des parcs et des côtes embrumées
les terrains raboteux soufflant leurs maux
moutarde forte ou oublis pimentés
ce n'était donc pas fini
ces soirées à glander dans les entrées
privées de ses anciens amants

jeudi 5 mars 2009

5 mars 2009

série d'esquisses post Nuit Blanche - 5

toi en bas qui me lis
tu vois haut
t'en remercie
l'espace urbain nous réunit
te rejoint
moi anonyme machine écrivaine
toi visiteur anonyme
voyeur ou curieux
donne-moi signe de vie
nous recueillir ici
pas longtemps
le temps d'une pof
d'une gorgée de café
sous les lampes colorées
qui se baladent

t'appelles
et tu m'entends presque
place tes doigts
dans ta paume
pour contrer le froid
ou écris-moi

tes mots machines me prouvent l'inverse de ton adversité

mercredi 4 mars 2009

4 mars 2009

série d'esquisses post Nuit Blanche - 4

Montréal la nuit
où l'effervescence de l'art se réveille
excitation alimentée par des milliers de stimuli

Montréal la folle la bigarrée
avec ses grands artères
ses multiples divisions
pourquoi ne pas s'immobiliser un instant
devant l'effet hypnotique
de nos ressemblances

Montréal t'interpelle
te demande l'effort
de t'exprimer
d'échanger de drôles d'échanges
au coin éclectique du Quartier Latin
coin Maisonneuve / St-Denis
t'es live en direct sur nos ondes
et on te regarde défiler
qu'as-tu à dire pour te défendre

Montréal te rentre dans le corps
c'est par les yeux que tu peux te sauver
sur tes lèvres des particules s'illuminent
sous les lampadaires
tu peux m'en faire part
si tu veux
si tu oses

si tu oses encore vouloir
être en vie

mardi 3 mars 2009

3 mars 2009

série d'esquisses post Nuit Blanche - 3

conversations nocturnes
soutenues par les gestes
des gestes tardifs
un peu somnambules
insomniaques
les missives lancées aux passants
l'espoir au clair de lune
d'être écouté
d'entrer en contact
laisser échapper quelques bribes de soi
pour qu'un inconnu puisse les ramasser

oui dehors la nuit
dans les bras de février
il fait froid
combien fait-il
quelle heure est-il
pose-moi des questions
te répondrai

ma franchise dans le but avoué de t'attiser
parce qu'il y a là place à se séduire

lundi 2 mars 2009

2 mars 2009

série d'esquisses post Nuit Blanche - 2

en dessous de nous
le Second Cup
prendre son temps
surprendre la lumière
prêter attention aux autres
garder le cap
malgré l'heure
s'habiller chaudement

jusqu'au bout de la nuit
tenter le dialogue
s'ouvrir ou cesser d'être seul
semer une incertitude
attendre
au cas où
on me confierait quelque chose

parfois les revenants
nous surprennent et s'engagent à se réconcilier

dimanche 1 mars 2009

1er mars 2009

série d'esquisses post Nuit Blanche - 1

la zone de texte s'installe à l'écran
crée de brefs tourbillons
mouvance perpétuelle des lettres

saisir les mots
et les laisser fondre
sur nos fenêtres

les saisir du bout des doigts
les réchauffer
les animer
nous répondre
s'adresser la parole
souhaiter faire écho
dans la rue

il s'agit d'une fraction de seconde
pour tout rendre éphémère

samedi 28 février 2009

28 février 2009

l'air resplendi pendant qu'on attend le métro une orange pleine se suffit à elle-même transparaît entre les rails le train tonitruant couvre son sel se déplace sans la déplacer

en haut les enfants roucoulent l'en train comme un don de soi la vie ce n'est rien de plus que cela qu'une immense orange perdue offerte par la grâce du plus pur hasard ou d'une distraction diverse pulpes regorgeant de couleurs vives bravant l'électrification des passages affolés des heures

fruit de vie affrontant les tons ternes d'un combat à mener

vendredi 27 février 2009

27 février 2009

t'ai vu ta tête folle remplie d'idées les mains dans les poches t'avais la mine d'un frère au crâne rasé chauve reluisant les phares d'une ville fragile aux paupières étanches t'ai vu tes petites lunettes rondes à la John Lennon tu pensais mieux avec ces verres polis lentilles sensibles aux infrastructures aux infractions nombreuses l'abus t'inspire la pitié tu pleures l'idéal les formes humaines douces et sages infarctus traversant les siècles ou les rides d'imperfections

jeudi 26 février 2009

26 février 2009

peux-tu t'asseoir te plier en deux retirer tes yeux profonds et noirs

prière de s'éloigner zone sinistrée des morceaux de vitre partout comme des marées d'éclats

peux-tu te relever ton siège n'étant pas réservé il m'a fallu t'enlever propulsion parachute sur un sol aux fenêtres renversées

mercredi 25 février 2009

25 février 2009

sensualité sucre d'orge
zeste d'orange sanguine
fleur de citron
quartier fruité
la croupe suave
dans des courbes d'aromates indiens
le troisième oeil suspendu
sur du rouge pudeur
ta soeur ta mère l'amie
sous les mêmes voiles
tirés en retrait
la mine du masque
aux multiples facettes
et mes présences s'insufflent
dans les replis sublimes
brises passagères
de vos leçons millénaires
s'insufflent dans des grains sensibles
d'une peau parchemin
fine et légère

lundi 23 février 2009

23 février 2009

il s'énerve
elle n'a même pas parlé
sa tasse à moitié pleine
le St-Laurent se jetant
sous l'allée
au retour
il agite ses baguettes
au-dessus de sa tête
elle le prend au sérieux
projette des salles d'attente
sur ses lunettes soleil
garde le calme
en alerte
il enfle
ses yeux aux fuseaux rouge centaure
la langue sifflant entre ses dents
sa forte haleine
haine crispée
elle s'étouffe
la gorge se noue
renoue
pendant qu'il fulmine
rompt ses dernières chaînes
elle superpose
les futures éclipses
les rassemble les dépose
à la lisière de toute violence
conjugale conjuguée où chaque conjugaison souffre

vendredi 20 février 2009

20 février 2009

tu traverses des moments difficiles
syndrome de l'intrus
sentiment autodestructeur
d'être de trop
n'avoir que trop peu d'attentes
et décevoir tout le temps
se décevoir
lutter contre son jugement
qui se juge
s'afflige de fautes
rejets pensifs et mensongers
où la prohibition d'une vie
borderline
pète les plombs
chaque instant au bord
de la panique
abandon béant
paroles laconiques

tu t'es enterré vivant
prenant une par une
les mises à mort
de tes idéaux

jeudi 19 février 2009

19 février 2009

éclairci des horizons

entre les nuages ça sent bon parce que c'est le printemps planté dans chaque pied c'est le ciel qui gronde la musique éclaire il y a des temples multicolores des chapiteaux supportés par des elfes et des lions ailés c'est l'apocalypse au fond du trou des fragments de sentiments profonds sublimés trente ans moins deux étreintes vingt-huit soubresauts insaisissables le décor sonore empli d'amplitudes démesurées

assombrissement du rideau

mercredi 18 février 2009

18 février 2009

pure sensibilité
prête à cueillir
à accueillir
comme une grappe de raisins mûrs
t'es belle t'es belle
et tu ne t'en rends même pas compte
t'as une étoile
au coin de la bouche
quand tu souries
tu brilles
et ça me fait croire en toi
et ça me fait rire
ça me fait vivre

pendant qu'au loin
on pleure ta mort
moi la regarde
et la trouve belle
la trouve belle

mardi 17 février 2009

17 février 2009

tout d'abord prendre son air le garder le plus longtemps possible ne pas se laisser intimider ça crie toujours trop fort les cerveaux fiers ensuite laisser parler les autres s'exclamer parfois pour laisser entendre à la cour notre grande compréhension érudite presque charnelle de la situation qui de toute façon nous dépasse complètement ce n'est pas parce qu'il y a du sang sur nos doigts qu'un blessé est à blâmer ça ne sert à rien d'espérer s'en sortir il y a toujours les rois les armées les bouffons aux superpouvoirs réunis en un coup de vent pour composer la catastrophe l'aspect plus qu'extraverti des soupirs flous oui on dit souvent oui aux réponses qu'on reçoit on pense fleurir on ne voit pas ou on ne veut pas voir nos racines flétrir trop arrosées trop surexploitées au diesel ça marche au gaz

enfin le labyrinthe l'effet contrôlé l'appel du ventre l'essence souillée qui circule sur les autoroutes droites et enneigées

ta montre indiquait qu'il était déjà trop tard c'est vrai qu'il était tard tôt ou tard le chantier infini non fini insuffisant supplanté par la surenchère suffire à soi-même tenter de marcher de placer ses pions sur l'échiquier souffrir oh comment souffrir puis se blinder la carapace remplie d'excréments bouillis à la chaux trois cents fois qu'on se ramasse au bulldozer la pelle coincée en dessous des aisselles plainds-moi s'il te plaît ai envie de cracher toute ma colère et mon impuissance s'emplie d'une furie sans nom

au travers de ses yeux l'arracher de son vivant et le violer jusqu'à sa perte inconsciente où l'eau trouble se replie pour sombrer violemment dans les craintes inachevées de mes plus pures convictions

dimanche 15 février 2009

15 février 2009

le bain baigné dans l'eau
les bulles bulbes ballottent
miroirs embués répondant
à la canicule du thermostat
qui monte
une petite ouverture curieuse
enfouie sous les volutes
des vapeurs chaudes
la moiteur mouillée du métal mou
robinet mal fermé fuit
stagnance des lieux
imperméabilité non perméable
l'âme quelque part
se morfond consomme
sursaturation du baigneur
imbibé
la bouée balbutiant sa véritable débarque
embarcation bucolique
et barbituriques en vrac
balancés derrière la langue
lourdeur lâche relâchée
sur les rebords de la
baignoire