mercredi 31 décembre 2008

31 décembre 2008

ça traîne au bas de ma porte depuis que suis née il suffit d'entrer parfois pour s'en rendre compte s'il y a trop de souliers froissés laissés pêle-mêle le vent s'en prend immédiatement ça l'aurait pu avoir une âme sentir la chaleur de mes escales intérieures ça l'aurait pu se composer de quelques lettres de quelques chiffres d'une sérénité rassurante mais le temps se consume et se trame la nécessité d'intervenir au jour le jour

mes yeux ensourcillés écarquillement caramel et noisettes le café tiède tenu par la hanse d'une tasse au vécu profond sur le panneau lumineux du micro-ondes des heures en bâtonnets qui clignotent des minutes flottantes sur des ondes bleutées le retour au portemanteau sur le pourtour d'une entrée où la gêne s'estompe lors des fébriles matins tranquilles

le fourmillement des activités quotidiennes s'accroît et le boulet pathogène lié à la cheville m'empêchant l'épanouissement d'une fraternité reconnue par la droiture de mon échine maintes fois mise à l'épreuve au bas de ma porte le pli substantiel d'une vie bien remplie

mardi 30 décembre 2008

30 décembre 2008

la Terre entière pourrait arrêter de tourner
il pourrait y avoir des cataclysmes au fil solitaire
ou s'imaginer des avions en forme de rébellion
avions assassins ou avions missiles
des projections étourdies du haut des tours

on aurait pu proclamer une armée
d'enfants innocents chargés de mitraillettes

on a beau enfermer la lune dans une boîte hermétique
rendre sa peau avant d'avoir tué l'ours
faire des enchères pour surenchérir sur le dos des autres
fracasser des têtes de Turc et enfoncer nos bonnets
il n'y aura jamais rien pour calmer notre courroux
celui d'exister sans savoir pourquoi ni comment se comporter
sur le bord des lignes étroites d'une naissance
et d'une nouvelle mort

lundi 29 décembre 2008

29 décembre 2008

ensemble vide diagramme de Venn peint à la main sur le mur de briques devant un monticule dégradé le levier fermé sur le robinet tranquillement éteint l'avancée du couple aux pas asynchrones du piment farci au menu sur la traverse en rabais une croisière aux yeux bandés la vue au sens favori substitut d'une non-vision manipulée à la loupe l'appel du toucher des cinq sens des dix doigts en mouvement l'index mimant ou formant d'anciens cercles d'amis de loin un vieux capitaine campé sur son ventre et sur ses vieilles habitudes de fumer la pipe de longues bouffées aux odeurs âcres pour faire ressentir aux novices la prestance de son expérience

le peintre debout devant son chevalet affairé à flairer l'essence de son travail

en retrait le photographe cadrant l'objectif avec une perspective d'ensemble en fonction panoramique

360 degrés pour revenir à l'envers et se rendre compte que tous ces angles ne servent à rien lorsque les réseaux sociaux n'existent que sur la toile

ensemble vide diagramme de Venn à l'embranchement des liens qui nous unissent tu t'exprimais autrement à mi-temps devant tes autres langues aux vertus virtuelles de soupeser ses paroles avant de les prononcer puisse paraître simple la même histoire en loop où la coupure cautérisée saigne sans se lamenter en hors-champ ta salamandre cramponnée aux méandres de ton souffle

dimanche 28 décembre 2008

28 décembre 2008

il s'agit là d'une purée de lune
d'un feu-follet frivole
d'un lance-flamme à vapeur
il s'agit bel et bien d'un beau jour du lendemain
ça l'aurait été Pâques un peu d'avance
des lapins au minois doré avec un zeste de jus lime et citron
de toute façon la demande aurait été acceptée à huis clos
ta pierre précieuse et les yeux à demi-clos tu fabules ton existence dans la haute sphère aristocratique

c'est facile dans l'ignorance d'espérer se remonter la cote attribuée à la volée il n'y a pas de hasard juste de drôles de coïncidences c'est la raison pour laquelle on t'a attendu ici au coin de la rue on savait que tu allais passer prendre le tiers de ton amertume au pub St-André la fabulation bien calculée au nombre de pintes

des secondes à retardement pour éreinter le plaisir de la revanche ton dos dromadaire durement mis à l'épreuve sous le batte tabassé à l'abattoir

samedi 27 décembre 2008

27 décembre 2008

le ton cinglant de la perceuse
le tiraillement sonore d'une sonde olfactive
la convergence des dinosaures disparus sous l'épiderme

des images toutes aussi farfelues les unes que les autres

le charme magnanime des rabais exclusifs cloués au fond de la poche
un Wal-Mart comme une scène de cirque marchande
sous le chapiteau l'appel aux dompteurs cylindrés
la batterie rechargée aux sourires des associés

l'employé piétiné à mort tel un accessoire publicitaire sans utilité tel un objet préfabriqué
parce que les payeurs éléphants dans un effet de foule aux caisses enregistreuses violeuses d'espace
ont voulu se joindre au spectacle morose de leur propre destruction

jeudi 25 décembre 2008

25 décembre 2008

le père Noël est mort barnak
l'ai assommé avec une pelle
y parlait trop fort
était saoul ben raide
dérangeait tout le monde
dans les ruelles

y chantait à tue-tête Minuit Chrétiens
parlait tout seul
ne savait plus rien
on lui avait enlevé toute dignité

y croyait pourtant à la Sainte Trinité
lui l'enfant de chienne
l'enfoiré de première
la vraie couille molle

n'ai jamais cru au père Noël
dehors le ventre au frette
on prie pour ne pas crever

mercredi 24 décembre 2008

24 décembre 2008

suis juste une petite fille de rien du tout tenant sur des pieds allumettes suis toute menue toute frêle suis presque aussi petite qu'une toute petite fourmi au moins il y a l'été et mes doigts de porcelaine au moins il y a l'automne et mes paupières monotones ai été présentée aux bras énormes aux mentons éhontés ai côtoyé les ogres et les assassins de février ai tenté de dire des mots faibles en matière triste des mots aux saveurs ajoutées des mots sensés près d'éclore près de rompre de toute chute

suis un petit canard à patte cassée un gigot d'agneau égaré désossé et mis au four à 400 degrés ça suffit de vouloir crier ça suffit de vouloir briller

suis pourtant juste une petite fille sachant chanter le trémolo les grelots les clochettes on m'avait avertie que les frontières entre les clés de fa et les clés de sol seraient infranchissables les portées pluvieuses entre mes reins

au moins il y avait l'été et mes doigts de porcelaine il y avait l'automne mes paupières monotones puis les phrases surannées la sécheresse humaine l'infime conscience au travers de cette violence

les grands prenaient toute la place
ai perdu le pied

mardi 23 décembre 2008

23 décembre 2008

la panthère rose sort de son hélicoptère sa fourrure désinvolte à rebrousse-poil la tignasse relevée se déplace tout en courbes au museau d'allure gentlemen ses pattes rebondies déambulant sur le tapis rouge pompier pendant que les trompettes, les saxophones et les trombones s'allongent en jazz les paparazzis plongeant leurs flashs comme des tics frénétiques le concours du plus osé friand de la décadence c'est à Los Angeles les lunettes fumées grandes comme des bay window et le chapeau haute forme forment la crédibilité du fauve débiteur il faut de la délinquance dans la nonchalance du geste

des tons de rose tatoués sur la tempe le trentième jour d'infortune

dimanche 21 décembre 2008

21 décembre 2008

c'est inconcevable l'entreprise d'entreprendre la prise de celui qui pensait prendre l'inconcevable un contre-temps bâillonné un entre-deux entrecoupé l'amputation imputable aux embouts patinés

ça ne semblait pas sonner faux qu'une forteresse de cette taille s'écrase s'encrasse ou s'incruste dans les crevasses cadenassées par les intempéries moroses

il portait sur le dos le maillon faible l'abominable homme des neiges miniaturisé près d'une usine à canon la chair à pâté broyée avant d'être servie aux porcs les auges remplies à souhait

tu ne portais pas attention à la fonction du porteur moribond pour toi le seul indice valable consistait à se fermer les yeux alors que les faits nous envoyaient des signaux de détresse

tu n'aurais pu mieux dire en propulsant tes rires éloquents croyant compatir avec les regards des martyrs meurtris par tes mains

vendredi 19 décembre 2008

19 décembre 2008

il se fait tard et le vent se lève par ici les courtes journées s'emmêlant aux nombreux couchers de soleil l'azur était terne ne désirait pas porter plainte même si pourtant l'égorgement des poules devenu fréquent fracassait les omelettes de nos plats aux entrées froides

ce n'était pas de la soupe dans nos bols des étangs marécages au goût de fièvre jaune ne fallait-il pas sonner la cloche le carillon nerveux répondait aux sirènes camouflées par la brume opaque au salon de vieilles causeuses boursouflées à l'hélium d'air léger

la pendule donnant le rythme aux autres créatures enfouies dans le tapis la housse de pissenlits des feuilles dentelées et l'autre housse relevée du corsage ne bougeant plus depuis un bon moment sous la pression des poumons inertes

jeudi 18 décembre 2008

18 décembre 2008

nue dans la pénombre
le profil franc se promenant
dans des demi-tons
le clair-obscur réglant
les courbes et les creux
des reliefs contournés
par des récifs escarpés
nue pénombre au coeur cru
les omoplates féminines
sur le reflet de la glace
la veilleuse au bas
de l'escalier
voilant la peau mate
du linceul

mercredi 17 décembre 2008

17 décembre 2008

tu aurais dû continuer ton chemin tout seul sans nous entacher de tout ton poids pathétique l'être idyllique souhaitant ressurgir de ses eaux usées pour réapprendre à ramer

c'était inconcevable il fallait pourtant une source de gêne de commune mesure à sa masse corporelle multipliée par 3 fois son âge mental le tout divisé par le volume agrandi de ce que nous avions ressenti hier à son arrivée

tu aurais tellement dû continuer ton chemin seul ne pas te préoccuper de ce que tu as laissé tomber ça l'avait fait un énorme trou dans le plancher un cimetière au grand complet creusé ton impertinence sacrilège tournant en boucle comme dans un manège

c'était inconcevable tu aurais dû t'en douter faire le calcul te rendre compte de tes dettes dues ta tête mise à profit dans tout le pays et ton sarcasme friand de recevoir ton salut à petit prix

mardi 16 décembre 2008

16 décembre 2008

mon amour protège-moi de tous ces incendies

sois de connivence avec le feu cours droit devant et souviens-toi de moi

la braise mes tisons nos enfants légitimes et le foyer éteint

tu nous brûlais l'âtre de nos espérances et fumais le peu de tabac récolté

ce "tu" tremblant et l'autre assis dans la pièce d'à côté les mollets forts le regard fumant

ta force mon étreinte mes cheveux remontés en chignon et la larme bouillante

tous ces incendies le bûcher l'entrave et les empreintes marquées au fer rouge

mon amour muet encerclé dans le marbre et ma moue figée avec lui

lundi 15 décembre 2008

15 décembre 2008

un homme-singe se promène sur la rue se trémousse se fulmine s'étreint s'entrave s'exclame réclame sa propre acclamation s'étouffe souffre se reprend et s'effrite vite recrache le morceau

il aurait bien voulu éviter le désordre le désastre fragmenté il aurait aimé quitter cette jungle jugulaire la pitié accrochée au manteau noir et blanc cesser de subir l'assaut prendre dans ses bras un être vivant et espérer de lui qu'il reste en vie la poitrine fendue jusqu'au nombril pour recevoir quelque chose qui brille qui pleure plus fort que lui

l'empoigner fermement et se recoudre le cisaillement d'une incohérence tacite

dimanche 14 décembre 2008

14 décembre 2008

maman c'est quand la fin du monde c'est quand que le ciel va se fendre et nous déverser dessus tout son fiel maman le mois d'octobre s'effondre et c'est décembre qui le ramasse pourquoi ces terres dévastées et nos coeurs aussi pourquoi maman attendre qu'il fasse froid avant de se cacher le corps gelé pourquoi ça me fait mal par en dedans quand les étoiles s'éteignent avant même d'exister quand les fleurs se fanent avant même d'éclore

maman la fin du monde c'est pour quand si ce n'est pas tout de suite est-ce que c'est maintenant pour moi mes yeux se ferment et c'est pareil comme avant pour moi mes yeux se ferment et c'est pareil comme avant c'est matinal c'est silencieux tu me l'avais dit maman qu'en me tenant la main le bras ballant on sentirait le ciel différemment tu me l'avais dit maman que la fin de mon monde serait la fin du tien que la fin de mon monde serait la fin du tien

on avait fait le voeu de se garder un bout d'amour en dessous de l'oreiller qu'il ne serait jamais trop tard pour s'appeler qu'il ne serait jamais trop tard pour s'appeler

samedi 13 décembre 2008

13 décembre 2008

carambole étiolée
la cinquième pointe complétant le fruit du tableau
carambolage meurtrier
la cause étant l'effet de la cause où était-ce la boule rouge carnage

au bout de la file sur la pointe des pieds se présentait le profil d'une étoile filamenteuse la plante de ses pieds appuyée sur le champignon magique

une vieille femme et son mari recalés dans le fond d'une cadillac tricolore

la presbytie s'accroît avec l'âge et sert de prétexte quand il n'y a rien d'autre à dire le portrait familier d'une sainte vierge se balançant sur le rétroviseur

vendredi 12 décembre 2008

12 décembre 2008

carambole à la quatrième pointe
l'autre carpelle découpée

derrière elle une Westfalia ayant traversé les Amériques du Sud au Nord en passant par l'est et l'ouest
cela aurait pu être Jack Waterman ayant retrouvé son frère
cela aurait pu être un homme revenant sans cesse de Woodstock
avec des petits rideaux orange aux fenêtres
cela aurait pu être une douce enfant fleur avec des nattes et des joues dorées

la Westfalia jaune vermeille peinte à la main rafistolée par l'amour et l'envie d'exister plus que jamais

son vieux moteur ne chigne plus lorsqu'il sent la devanture d'un navire plus fort que lui

sombrer empoché par la boule noire la blanche n'étant plus le seul salut

jeudi 11 décembre 2008

11 décembre 2008

carambole carambolage
elle voyait devant elle l'aile et l'accotement

le car sur le dos et le rouge renversé

elle revenait et ça lui faisait mal d'aller

sa route se briserait contre un face-à-face répulsif la fatalité fluctuante mais réelle

elle avait arrêté de fumer la veille pour plaire à l'homme qui l'attendrait un jour et son visage était rond et lisse d'une symétrie parfaite à l'angle mort

le placage couche sur couche de dessins inanimés et l'impossibilité d'arracher les pages

l'impact par la bande et l'engloutissement

mercredi 10 décembre 2008

10 décembre 2008

carambole carambolée cramponnée au klaxon actionné la carrure de la carrosserie traînant la ferraille froide

l'autocar renversé dans l'embrasure du rêve semi-éveillé il y avait le chauffeur et sa manoeuvre de contre-attaque tentant de tourner le volant jusqu'à ce qu'il tourne complètement d'éviter le tourment d'éviter la boule rouge filant l'étoile filante

les lignes doubles se sont dédoublées l'instant d'une mince envolée l'entrechoc d'une bille sur un poids lourd

mardi 9 décembre 2008

9 décembre 2008

carambole carambolage
la boule rouge touche deux autres boules
sur la table de billard

boule rouge filant à 160 km / h c'était un samedi soir de décembre et il n'y avait presque personnes sur la route jonchant la sortie 139

la petite coupée sport aux vitres teintées trimbalaient sur ses sièges de cuirette noire trois jeunes casquettes sifflant des airs de rap rapsodie la disette indiscrète l'insouciance ou l'immortalité de la jeunesse libre

la trajectoire comme une bille percutée au fond de l'entonnoir

il neigeait des filets de sang ça bougeait trop vite pour suivre des yeux le tête-à-queue

au ralenti d'engloutir le fragment de vie c'était l'autocar cambré vers l'arrière qui payait cher la calèche allégée

le point de contact parfait pour rouler à sens inverse dans la voie d'à côté

lundi 8 décembre 2008

8 décembre 2008

tu me regardes avec un stéthoscope mon visage m'est difforme et mes ongles aussi on aurait tendance à me sous-estimer la grippe préemployée à la défaite formant une croûte de verre poli en dessous des réseaux de filets d'eau tu m'exerces une introspection produit semi-réussi pour soumettre à la bonne humeur des miens

tu me regardes comme si moi devais me résigner à ne pas me voir à l'aveuglette dans le tiroir ou le coffre à gant qu'importe faudrait-il seulement poser pied à terre pour mieux se comprendre se toucher se regarder pour de vrai la concentration centrée sur l'effet éphémère de très courte durée le cyclone malin triturant les parois rocheuses de tes pores à fleur de peau tu me regardais et avec moi prendre ton élan pour mieux me rendre

dimanche 7 décembre 2008

7 décembre 2008

il n'avait pas livré à la bonne place - aurait voulu bien faire - une envie décidée à l'emporte-pièce ça ne lui avait jamais frôlé l'esprit que ce chant a capella ne provenait pas d'hier qu'auparavant les moulins à scie produisaient des chaudrons en fonte et que ça fessait fort dehors dans l'atelier des forgerons ça peut être surprenant de livrer un colis même pas posté alors que le destinateur s'adresse au destinataire indéterminé la destination divinatoire notée à l'endos d'une enveloppe une dédicace à l'encre noire pleur de lysée la foule rassemblée sous le tremble qui tremble le mouvement d'événements en trombe qui trompent le facteur factorisé trois heures moins le quart et la trotteuse trouve le moyen de trotter ne croule pas sous la pression de la suspension en arrêt la vie rattachée à la seule et unique livraison n'ayant pas eu lieu

samedi 6 décembre 2008

6 décembre 2008

suis envahie par le stress par des milliers de corps étrangers qui me traversent suis investie suis occupée n'ai jamais le temps de me reposer suis pressée faut aller travailler suis complexée faudrait bien m'arrêter y fait-tu beau dehors n'ai pas eu le temps de regarder y as-tu du monde qui souffre faudrait bien vérifier y as-tu quelque chose d'autre à voir excusez la question mais ne vois que des trottoirs droits pis des têtes baissées

suis envahie par le stress ça me pogne par les tripes ça défonce mon thorax ça s'infiltre par les cheveux on ne s'en rend même plus compte mais ça nous sort par les yeux ne suis jamais vraiment là suis toujours en d'autres lieux il y a des jours escomptés des jours espérés il y a des jours fabriqués des jours entassés faudrait de la place de l'espace des minutes juste à moi faudrait de l'amour le don s'animer pour de bon il y a des nuits de traverse des nuits fatiguées y a des nuits d'averse des nuits calomniées faudrait ne pas oublier de dire bonne nuit aux enfants baiser doucement leurs paupières quand elles sont fermées

suis envahie par le stress des milliers de corps étrangers des tuberculoses des syncopes des tumeurs égarées la lenteur me manque et les gens aussi prenez-moi par le corps serrez-moi très fort pour ne pas m'oublier

vendredi 5 décembre 2008

5 décembre 2008

un individu individuellement incendié individuellement emballé un individu vidé le divin in situ parodié la parodie réelle d'une solitude grandissante les gens bien réels et pourtant isolés comme de pauvres passants comme de pauvres passants

l'in-di-vi-du porte le vide dans les phonèmes qui le composent

l'individu à la cagoule les yeux assortis à son identité perdue à son entité au trou béant une paire de revolvers et la révolte au cul dans son portefeuille une photo de sa fille

il aurait pu surgir de nulle part ou ne pas surgir du tout se faufiler par des portes réservées aux employés il aurait bien pu rester chez lui se morfondre sur son sort et ne jamais en ressortir rester hors d'atteinte hors de portée ou devenir la cible du fugitif désincarné

l'individu masqué marqué par sa souffrance démasquée livré dans un combat dément la banque braquée boudeuse se planque et renverse l'adverse son coffre-fort trop fort trop noir pour daigner s'incliner devant l'individu vandale vengé le coeur morose en prose

on n'aura jamais su son nom

jeudi 4 décembre 2008

4 décembre 2008

petit bonhomme d'api avec son bonnet enfoncé jusqu'aux yeux la marmaille dans les tricots du jeu de marelle les lignes franches dessinées à la craie jaune les chiffres ronds et maladroits sautillant sur une patte en attendant la roche qui se lance vers le ciel les lulus allumées de pinces ou de barrettes de toute sorte attrapant en plein vol les couleurs des bonbons des suçons de sucre d'orge les miettes de pain laissées derrière l'emmitouflure au manteau marron les boutons comme des cercles tracés à grand coup de bras la veste vaste et le compas prend l'avance se poste sur la piste à l'avant-garde et attend sans bouger qu'un chien sans laisse passe gaiement la queue intrépide battant les courants d'air emprisonnés dans des caissons sous vide

petit bonhomme au teint orange les cerises de tes moustaches ont tout fait pour m'égayer mais seuls les soucis semblent vouloir se manifester à moi ma naïveté presque à vif d'être restée désarmée jusqu'à la fin de la récréation

mercredi 3 décembre 2008

3 décembre 2008

le tanin qui tenaille ma glande éolienne
ma pantoufle se déchausse toute seule
pas besoin d'un ressort à soleil
pour soulever ma semelle s'en mêle s'emmêle
le sens contraire à ta peau pigmentée
la flaque de salive bêle se bave se heurte
aux élans ralentis la cime du vent se frôle frotte
pince serrée du crabe encastré
la tête empaillée pendant que les ogres nains
se déplacent vers de nouvelles sépultures

mardi 2 décembre 2008

2 décembre 2008

mes mitaines et la neige
vrilles romanesques des flocons
la neige dans l'accumulation du silence

suivons les pistes fraîchement empruntées
la carcasse immobile des sapins lourds
et la langueur d'une hivernation

sous les lanternes éteintes l'engelure
dure et glacée
l'être au sommeil antarctique
se fige la givre collée au cristallin

lundi 1 décembre 2008

1er décembre 2008

tourne la page + ferme le robinet comme il faut + vide ta vessie + fais l'amour tout habillé + ne crie pas trop fort + essaie de l'oublier même si sa face est imprimée sur toute la largeur de ton mur

l'envers de la moutarde te remonte au nez il n'y a plus de confiture et le dépanneur vend des gratteux qui se grattent mal tu n'as plus de cenne noire et dehors il fait gris poils de barbe l'horoscope annonçait des situations anormales parce que la Terre en Vénus traversée par Jupiter scrutait les orbites mal ajustées des néons clignotant bizarrement dans le bus défoncé sur le côté pourtant c'était rare que Jojo se trompait il fallait dégager les regards intrus et focuser son intérêt sur l'affaire en cours on n'avait plus notre place sur le sofa fantôme la visite du poète prêtait serment aux accoucheuses de sens et le rendez-vous manqué tambourinait très fort son accoutumance aux amalgames verdâtres dehors il faisait gris poils de barbe et la crème à raser devenue rouge absorbait le sang du rasoir jaillissant comme la seule pièce à conviction peu convaincue au terme bien roulé d'une fin à la Oliver Stone

à Bertrand L. - 7½

samedi 29 novembre 2008

29 novembre 2008

des répercussions en triangle intrigue friande trente angles rieuses
les trois pointes suffisantes à la force du vieillissement
le corps en perpétuelle alerte l'alarme déclenchée à la suite d'un ultimatum cru corpuscule minuscule microcosme perpétré
il suffit de souffler pour se réveiller
dans les draps friands d'une tierce personne tronçonnée à coup de douze poinçon paillasson et la chainsaw employée par millier
répercussions percussionnistes la piqûre triste
contact nihiliste des discussions
la lame a beau reluire il n'y a pas de détour possible
c'est un triangle isocèle isolée
dans une étreinte étroite

vendredi 28 novembre 2008

28 novembre 2008

du rouge du jaune
orange homogène
teinte de bleu cyan carcasse d'huître
la cantine à hot dog le stand à patate
une petite fille avec un cornet de crème molle
la robe soleil
aux reflets roux
les espadrilles
du sable qui irrite les orteils
les pouces plongés dans les sillons de l'eau

l'heure de la sieste
enfantillages - un seau et une pelle
couleurs vives en plastique FisherPrice
la serviette de plage à plat
imbibée d'huile à bronzer
protection UV comprise les rayons à date fixe

les doigts posés dans le souvenir du clavier monochrome
l'air ou la mélodie du signe
2 h de l'après-midi en plein quart du plein jour au sommet du summum de juillet
récurrence du temps qui roule le temps
piano novembre
ou pluie qui tombe dans mes oreilles

jeudi 27 novembre 2008

27 novembre 2008

de petites lunettes ovales posées sur l'extrémité du bout du nez la lecture cernée bleuie au matin qui embrume sans attendre le signal dans son environnement immédiat jonchaient des pyramides précaires de journaux jaunis relatant les faits journalistiques d'une autre époque à la recherche d'une vérité qui leur est propre la une pamphlétaire des titres tronqués sur la place publique à la vue et au su de tous sans pour autant avoir d'impact comme une mise en scène burlesque pratiquée en plein milieu d'un stationnement vide d'une usine désaffectée ce ne sont que les rats rongeant les gonds de l'incertitude qui ont accès aux annonces classées périmées on n'a pas à s'enfermer pour sentir le renfermé l'odeur émane automatiquement au moment où la tête se déconnecte du sol se détache du tronc des pieds se laissant aspirés par les tracas du passé de nos erreurs chamboulant les cocons cotonneux du citoyen moyen se prenant pour une autruche cruche trichant son voisin avec la voisine de pallier il fallait se pincer pour ne pas pouffer de rire se laisser choir dans les hangars hagards l'harmonica en bouche pour une autre virée interstellaire ses petites lunettes coincées les narines respirant l'azote liquide densifiée la dose d'actualités causant un ralentissement majeur ayant le même effet qu'une overdose de barbituriques concentriques le barde entériné jouant quelques notes timides son hôte à l'agonie à l'abandon d'un don débile la fille cernée jusqu'à la moelle morte par prétexte dur d'avoir menti une fois de trop à son ex le loup n'ayant pas eu le temps de s'enfuir ni de réaliser la paire de lunettes reposant sur le coin de la table des artefacts en pile pêle-mêle légués son testament tremblant sous ses lunettes repliées

mercredi 26 novembre 2008

26 novembre 2008

suis enragée comme
une chienne qui a mal
les crocs serrés à s'en
percer le canal
ai presque honte de prononcer
dans un mauvais français
l'estime de mon ignorance

n'avais pas demander de
naître en chien de fusil
renfrognée par en dedans
les yeux noirs au fond du fanal
les yeux noirs grand ouverts
le chenil du bout du chemin
ramoné aux traverses
d'un peuple en voie d'extinction

quand frôle les gratte-ciel
suicidaires du centre montréalais
y a des frissons qui me parcourent
le tympan peu enclin à s'assimiler
l'anglo en fête et ma propre
langue reniée
aussi inutile que les pigeons
trottant tranquillement

ai rêvé d'une liberté moins vicieuse
les cordes vocales criant dans un langage
clair et familier

suis enragée par l'immobilité politique
s'isolant dans une privatisation
d'indépendance salutaire
pourquoi Miron ma mire aux 101 fragilités
pourquoi l'oubli ou le repli
l'indifférence
notre mort la tienne la mienne
la nôtre partagée travaillée
le Québécois dans l'investiture d'une
file d'attente
perdant l'essence de sa raison d'être

mardi 25 novembre 2008

25 novembre 2008

suis pas là
c'est indiqué "fermé"
sur ma porte
placardée

suis pas là
les lumières éteintes
me font sombrer ailleurs

suis pas là
pour personne
suis pas là
pour moi-même

suis partie
un vendredi matin
c'était la fin
d'un mois de novembre

suis partie
sans partir
c'était juste un vendredi

suis partie
sans comprendre
c'était la fin
d'un mois de novembre

lundi 24 novembre 2008

24 novembre 2008

totem tantra
tu t'es dit excentrique
toi toute trempée
totem empilé
tantrisme empirique
philanthropie anti-tantrique
de mal en pire la trompe tamponnée
tu ne t'étais pas trompée
la trompette inspirée
tu ne t'étais pas tirée
la tire bien figée
tu mentais tantôt tantra tantôt atrophiée
ta tirelire en délire la satire transpirée
trampoline toute trouée trop de tentatives gaspillées
la tombe au tombeau totemifié
la momie mortifiée tend les bras bandelettes ramifiées
rameaux aux râles pâles du chaman
ou l'érection freudienne du totem tonique
parricide tantrique au karma contrôlé
les fils novices du kamasutra
t'avais dit totem tantra
trois fois de suite comme une incantation
aux cantons décantés
après l'enterrement
au nom du père et du fils et du saint Tantra
Totem

samedi 22 novembre 2008

22 novembre 2008

suis dans le métro Berri
on baigne dans une chaleur suffocante
ça sent les tunnels le renfermé les rats d'égout le reflux gastrique les impotences sarcastiques l'ivresse la monnaie sale et le refuge global
n'y a pas de machines à sous mais c'est tout comme les guichets à caissiers fermés barrent les tourniquets à coup de matraque derrière la vitre un macaque clandestin ne sachant plus épeler d'autres choses que les règlements d'indignations suppliées les gardiens de sécurité fouillant du regard les marauds dépourvus d'identité leur carte dévoilant l'absence de leur innocence
des vieilles dames en papier mâché remisées sur des bancs usés surexploités par les fesses lâches ou fatiguées
il n'y avait plus d'eau au dépanneur l'heure était dépassée par le propriétaire aux propriétés hybrides
des paniers de Noël clinquant les passants pressant la presse empressée

suis dans le métro Berri
entre les stations entre les wagons coincés dans des lignes orange ou verte
il y avait des signes réfractaires aux rosées de l'aliénation
les écrans géants projetaient sur le large une étendue allongée
en diagonale la vision nette et droite de la propulsion de ma propre mort l'accrochage latéral d'une poussée mal intentionnée à la station Berri direction Montmorency
la voix automatique annonçant systématiquement une interruption de service
intervention ambulancière chahutée trop tôt par une indifférence généralisée

mercredi 19 novembre 2008

19 novembre 2008

le compositeur sommeille sur la ligne courbe les vaisseaux sanguins se ramifient autour des autoroutes le bruit ça vrombit les édifices poussent et la terre se déchire on n'entend jamais se plaindre les notes d'une portée blessée il faut la jouer pour écouter son souffle respirer tout bas pour ne pas froisser personne tu es si petit tu es si grand tu es si beau tu réussis tout le temps à m'étonner la confiance se construit une maison et tes yeux correspondent aux vibrations senties ta main glissée sur ma nuque nue

mes rêves mirobolant faudrait croire à l'essentiel se reposer un instant sur l'oreiller et partager le langage corporel

le silence remplacé un moment mes yeux incrustés dans les tiens le temps d'un voyage qui me semble moins long maintenant

mardi 18 novembre 2008

18 novembre 2008

me ferme les yeux devant cette ignorance les rives mondaines submergées par la solitude qui déferle sur les individus cordés au carré le plancher tangue trop sensible il ressent les pas lourds provenant du plexus au milieu de l'estomac un noyau sphère flottante il faut ravaler le moton ne pas laisser transparaître l'amertume corrosive blessant mes gencives souriantes

il y a en dedans de nous parfois juste par moment ou d'une façon permanente pour certains ça colle ça jamme d'autres le maintiennent l'alimentent l'élargissent le chérissent un vide qui aspire la fibre ça fait mal ça élance c'est un vide qui prend trop de place le manque tendre ou le manque qui blesse

une béquille chevrotante l'air salin s'infiltre par nos narines détendues lorsqu'on découvre comment se taire et se laisser emplir d'une vague sereine les étincelles ne craignent jamais le brasier elles virevoltent libres

me supplier de garder la tête haute me réserver en équilibre alors que le parachute chavire l'air de tous les sens la plénitude est préservée en altitude c'est là que les premiers flocons naissent quand les nuages se condensent l'hiver et qu'il commence à faire froid la buée s'installant à l'ouverture des bouches

lundi 17 novembre 2008

17 novembre 2008

Mélancolie

Mela, Mela, Mela, Mela, Melancholia...
Die Befindlichkeit des Landes

Einstürzende neubauten
où un monde à reconstruire
de l'état d'un pays nervuré

l'Allemagne industriel ragaillardi de marteaux piqueurs

et elle
elle s'en vient tête baissée
le signe du deuil replié dans la commissure des lèvres
des cailloux concassés
au fond de sa poche

elle collectionne les murs détruits
la honte érigée en souvenir

autour d'elle un contraste plein
le vide ancré dans ses souliers

Mélancolie
une goutte d'encre échappée dans un verre d'eau
c'est beau
ça donne l'illusion d'une fluidité

elle
l'oeil échancré
le visage tourné vers l'est
le reste vers l'ouest

elle
et le partage de l'axe
la mélancolie comme des graffiti
apposés en signe de quête
l'abandon criant la mort
sur les remparts de la destruction

dimanche 16 novembre 2008

16 novembre 2008

elle est légère comme l'eau
vive la rivière rame
des chemins à parcourir
des bifurcations
entre les pierres érigées en surface
irrigation régulière
du passage des sources
on entend les chutes
se jeter offertes les bras ouverts
la lumière brillante
concentrée en un seul faisceau
éblouissement ravi

l'attrait toujours pressant
de se laisser tomber
devenir une épave heureuse
une souche féminine
menée vers le large

samedi 15 novembre 2008

15 novembre 2008

il est mort
il est mort
il est mort

insister sur la taille des lettres
graduer l'intonation
prendre conscience du sens
insister à l'infinitif
fuir l'état de fait

vendredi 14 novembre 2008

14 novembre 2008

on baigne tous dans une espèce de songe
une brume invertébrée aux suites illogiques

flashback

un instant s'il vous plaît
on essaie de retrouver le fil du passé

il y avait une femme aux cheveux ébouriffés
elle se tenait droite
prête à parer les coups de dés
son menton fuyait sous son innocence
ailleurs son nom sondait l'inconnu

les colporteurs soufflaient très fort sur les colis
que ça se transporte loin d'ici

revenir au jour le jour
pour prendre conscience du corps qui vieillit
pour prendre conscience que cette espèce de songe
cette couche protectrice anti-inflammatoire
anti-diffamatoire
luttant contre l'arrogance humaine
et le goût du faire-valoir

sur le lit se morfondre
moribond
la morphine finit toujours par agir

jeudi 13 novembre 2008

13 novembre 2008

- V -

ça s'arrête là au moment même où que les clochent sonnent on entend le soleil étreindre les rideaux il n'y a jamais que des nuages parfois la cime du ciel se touche avec le bout des doigts

dix minutes sur l'échelle des hommes dix minutes seulement
on ne pense plus qu'un moment donné le regard se porte sur soi

le retournement de l'arme massif la plainte rauque du guerrier refoulé le mea culpa non avoué d'avoir échoué

et la seule sortie de secours en tête à tête avec la crosse de son fusil

mercredi 12 novembre 2008

12 novembre 2008

- IV -

le couvercle saute c'est un gros bouillon visqueux avec des bulles qui regorgent de détresse brute les ingrédients se mêlent à de la rengaine et du sacrifice crasse

un geste héroïque posé sur le côté le médiateur voulant remédier rappel au calme à l'amertume du mal causé

mais la machine est en marche et il n'y a plus de compte à rebours
comment arrêter une bête touchée lorsqu'elle se déchaîne son courroux sécrète la peste

le visage déformé dans une scène au ralenti l'élan frôlant un manque de mots audibles ici on perd l'indescriptible parce que la porte s'est refermée d'un grand coup de pied

remettre à qui de droit ce qui ne nous appartient pas les griffes remplies de saleté ramassée au couteau rapace

l'intrus planté dans le sol qu'il a lui-même pollué se retire revenir à la source du moment présent il rit aux éclats pour ne pas trembler de dégoût puis gueule à la meute qu'on lui doit respect et dévouement comment maudire l'ennemi s'il ne fournit rien à médire

le poète à en devenir resté muet jusque là sent que la température se réchauffe
il ose regarder devant lui une dernière fois pour être certain de s'en sortir
croise le venin en ébullition d'un post humain cambriolé
le projectile s'infiltre en pâmoison devant le philtre d'humanité

mardi 11 novembre 2008

11 novembre 2008

- III -

jour du souvenir des vétérans morts au combat jour que l'on se souvient le coquelicot épinglé à notre peau

la victoire s'écoule dans l'enceinte du massacre l'antre du savoir secondaire où s'épanouit l'accoutumance d'une prochaine vie adulte alors que les mathématiques, les sciences et les langues se chevauchent avant d'aller à la selle

l'enseignement dérangé par un pauvre demeuré prêt à s'étrangler lui-même coûte que coûte pourvu qu'on parle de lui aux bulletins de nouvelles de 6 h alors que les familles du monde mangent en silence

contraste du monstre se détourant au stencil on pourrait rapporter les détails de sa stature étrange de ses yeux exorbités le front pâle comme de la mescaline

pourquoi tirer sur toi et pas sur moi pourquoi pas m'abattre si tu ne t'abats pas pourquoi t'abaisser à la hauteur de mes pieds relève-toi

une comptine fredonnée par des premières années et au loin des autobus jaunes formant un défilé tranquille

mais soudain les secondes s'usent à force de se frotter trop bruyamment dans les horloges murales les tic tac se transforment en TIC TAC et ça rend fou quiconque qui compte sur le bout des doigts les regards malsains de l'intrus détritus

le fou se met à tourner sur lui-même dans un mouvement de tornade intrépide et pour enfreindre sa propre mascarade il se met à tirer partout se faire entendre à tout prix en criant à tue-tête

ce ne sont plus des fourmis ce sont des mouches qui tombent en grand nombre les pleurs se tordent de douleur

lundi 10 novembre 2008

10 novembre 2008

- II -

des cris crissant comme de la pluie sous les pneus usés de vieux tires défoncés
une fourmilière en danger la reine des fourmis par terre assommée ou trouée par balle attrapée sans faire exprès le hasard est mal fait et au bout du corridor le roi bourdon prêt à éclater les ailes gonflées d'un orgueil alimenté à la pâte de piment fort le feu fait rage lorsqu'on n'entend plus raison l'adrénaline s'ajoute l'élan d'un moment crispé par la haine

le sang ne coule plus il circule maintenant par voie céleste c'est ce qu'il dit en levant en l'air la tête les bras dans un geste bringueballant le canon pointant le plafond et tout d'un coup le directeur se pointe en duel le fuel le fiel flamboie la salive empâtée comme du mucus ou de l'humus fermenté un sourire en coin comme un méchant pantin de bois qui se cambre pour l'aligner d'une balle noire sonnant telle une balle à blanc trompée

le directeur pleure de ne plus pouvoir dire que sa vue se brouille à la vue de ce précipice
à la vue de ce précipice

dimanche 9 novembre 2008

9 novembre 2008

- I -

il est entré par la grande porte d'en avant la porte principale celle que l'on ouvre à la volée lors des grands événements il faisait trop clair d'un coup c'est comme si la lumière avait éclatée et que les murs peinturés blancs lui faisaient écho lui répondaient mille fois ses reflets

il est entré avec ses grosses bottes d'acier l'haleine détachant ses dents qui l'empêchaient de fermer la bouche il se sentait lourd parce qu'il traînait derrière lui une énorme chaîne avec des maillons gros comme des navires et dans chaque boucle de fer rouillé des pustules de pue éclataient au grand jour les maux infectés de l'être qui se putréfie par en dedans les yeux parcheminés de sang l'injection caractérielle de tous les démons réunis pour souffrir avec lui

il est entré sans demander à personne s'il était invité on ne savait même pas son nom ni s'il était baptisé on aurait peut-être dû lui interdire de vivre

son entrée dans la polyvalente aux heures de midi tapant le gun bien en vue de tous pour être sûr de ne pas manquer son effet spectaculaire la cape noire revirant au vent criant aux loups la gueule trempée dans l'acide sulfurique

la panique craque quand elle sent l'arnaque se pointer sur elle le goulot rempli d'une peur parabolique pourtant le paratonnerre tient le coup quand ça tonne

l'effet contre-jour en plongée l'angle parfait pour éviter la cible et la folie qui s'empare du diable en habit d'assassin fêlé la chemise débrayée sous les poils hérissés l'euphorie frôle la catastrophe des strophes atrophiées en séries télévisées il n'y a rien de nouveau sous le soleil une autre école est à veille de se faire tuer

une balle perdue dans des rebonds blonds la fleur flétrie d'une chevelure d'été étendue sur le plancher ciré à reculons

samedi 8 novembre 2008

8 novembre 2008

100010111000111001101110 code binaire superposé par des signes qui se court-circuitent la couche temporelle traduit par des vrais ou faux
des bits transmetteurs en langage informatisé les balises ouvrantes et fermantes s'enchevêtrant dans leur ensemble entier
< !-- help me -- > qu'il me dit sur l'écran surréaliste
les lettres carrées clignotantes des flèches en forme de repères virtuels
< a_href="faisunlienversmoi.com">la liaison est créée on se sent étreint la toile d'araignée robotisée et faillir au dernier instant dans une fureur en hypertension < /a > ça met fin à l'assemblée délibérée qui sape derrière le clavier la souris fantasmée dans la main au gant de fibres optiques
< font_color="tropclair">les pixels dansent pour oublier la mort de l'humanité on a peut-être oublié de se brancher le wireless sans signaux< /font > les attributs brutes souffrent en forme d'octets et le disque dur flanche la fenêtre tranchée en quatre couleurs fêlées comme un monopole à sept têtes l'hydre sur le point d'exploiter le système libéré 10011101011010110101010011010 les combinaisons moratoires opérant en silence des communications algorithmiques les espaces conçues pour vénérer l'icône reposant sur le bureau
< img_src="maphotomalfoutue.jpg">mon portrait robot sur le Web on m'a surpris en train de pirater les flots infortunés d'une pornographie numérisée <_b_>en gras< /b > on peut surprendre des avatars en survol d'une seconde vie un petit applet java téléchargé à l'intérieur de l'abîme pour une intégration haute vitesse le lancement est prévu pour demain et l'arrière du mur s'imprègne de transistors pendant qu'on sature les mémoires vives
backup d'un Occident armuré de conscience invectivée sur le dos de serveurs à sang froid
une base binaire programmée l'écran réfractaire du sens moral
et une trop courte vie du processeur en constante procession les touches fonction comme des pulsations cardiaques <_end_>< /end >

jeudi 6 novembre 2008

6 novembre 2008

il n'y a aucune mesure exacte au millième de millimètre près pour me rapprocher juste assez de toi franchir les frontières transfrontalières aux sourcils froncés sembler satisfait d'appréhender les envahisseurs comme s'ils étaient de faux invités

il n'a jamais vraiment existé le pasteur qui couchait dans le grenier on lui ramenait parfois des fleurs d'oranger pour s'absorber d'une unicité transperçant les furies trop frêles

la nuit il fermait le jour pour emboîter le pas à sa résistance charnière et sans quitter totalement la pénombre il réussissait à atteindre un niveau d'abstraction ressenti la boîte crânienne jouant le rôle décisif de croire

la foi déposée sur son crucifix il avait baisé du bout de la bouche le saint Graal posé sur ses genoux l'image de la Vierge encastrée dans ses paupières chastes

on ne sait aperçu que longtemps après le grenier remplacé par une volière sans toit au lieu de la cheminée un perchoir accueillant les hirondelles aux fidèles ailes incurvées

mercredi 5 novembre 2008

5 novembre 2008

on s'avance la tête pour comprendre les chuchotements parfois explicites sans vraiment savoir ni pourquoi ni comment l'on fait pour s'avancer juste assez les oreilles échauffées le tympan trop lent le front plissé le gosier atrophié on avait l'air de savoir ce qu'on faisait on paraissait vraiment malin les mains dans les poches la cagoule bien enfoncée il n'y avait pas de quoi s'inquiéter il fallait seulement s'avancer faire de grandes enjambées sembler sûr de soi avec un déhanchement accusateur un brin provoquant l'allure compte pour bien plus quand le temps est compté devant soi la figure imprimée sur des billets de banque cambriolés la caisse enregistreuse n'obtempère jamais assez rapidement quand le temps est compté la police au service des citoyens servis il n'y a pas de quoi rire quand le système d'alarme m'entame m'alarme la puce à l'oreille du sourd qui ne sait plus calculer sur le bout des doigts calcinés la porte à la volée le marchand de soda pète la canette saute a trop branlé les baguettes en l'air pour un moment d'arrestation tronqué la tête comme un fracas la tempête dans un verre d'eau mal tempéré alors que l'azur changeait de chiffre pour aller se fumer un bat

mardi 4 novembre 2008

4 novembre 2008

un vent nouveau souffle sur les Amériques
c'est un vent tiède qui apaise un peu
juste avant de se relever et de se ressaisir

en ce grand 4 novembre levé bien haut
prêt à lutter contre les fortes marées boueuses
un peuple englué depuis huit ans
dans des marches militaires mal en point

c'est tout comme si la terre s'était mise à trembler
devant les murailles de son
les porte-voix transportant l'American dream
et d'un océan à l'autre
the Freedom of America

Yes we can
une phrase à bout portant
alors que l'homme noir portait à bout de bras
le micro blanc

rassemblé devant lui la foule
il y avait à perte de vue
nos différences rassemblées
en un seul endroit
le tissage humain uni dans les yeux
de l'autre
et l'autre accueille l'ouverture de l'autre avec ouverture

les traits mouillés d'un sourire si longtemps retenu
Bush est mort vive Obama

dimanche 2 novembre 2008

2 novembre 2008

- VII -

la porte grillagée du jardin demeurée ouverte
il revient chez lui
rien n'a bougé
rien n'a changé

ses moustaches entachées d'autres expériences
respirent calmement
il se retrouve au chaud
comme dans d'autres lieux

les yeux de ses maîtres
le regardant autrement
ne le reconnaissent plus sous son pelage différent

il aurait tant à leur dire
mais pour l'instant
seulement les remercier
apprécier toutes les secondes
les bouffées d'air frais
et les enfants qui rient

sept vies, sept misères
sept vies, sept jouissances
la mort souveraine
touchant du bout des doigts
le cycle réincarné

-- la porte grillagée du jardin demeurera ouverte
les fleurs sont toujours appelées à pousser

samedi 1 novembre 2008

1er novembre 2008

- VI -

la sixième et avant-dernière vie
comme une précieuse sagesse
remise à l'héritier

l'âme vengeresse cesse sa rogne
laisse place à la curiosité des nouveaux-nés

petit chaton rouquin aux menottes entremêlées
dans les pelotes de laine

les velours feutrés sous tes pattes enjouées
la laitière heureuse de te tendre le bol

insouciance contagieuse la frimousse mignonne
fripon patapon caché sous les jupes colorées

insouciance menant à l'imprudence
jeunesse oblige

le carrosse féroce tiré par mille chevaux
sourd aux miaulements chétifs
du pauvre minet tournoyant rapidement pour attraper sa queue

-- au dernier moment la vision d'un jardin

vendredi 31 octobre 2008

31 octobre 2008

- V -

promesse dite promesse due
cinquième vie révélée
au grand jour alors que les éléments se déchaînent

dehors les tentures claquent
on entend les gonds souffrir
la devanture des chaumières en crise d'épilepsie

une pluie drue tombant comme une armée de flèches sèches
ça siffle par en dedans les vents s'infiltrent

sous les éclairs
des yeux jaunes foudroient
la démarche féline ne ment pas
elle se rend tout droit à sa proie

sous un pelage d'un noir amer
l'infiltration sournoise d'un chat ninja

vengeance du trépas d'un homme à la pelle
et la peur sans nom d'une détermination sans appel

duel cruel entre l'homme pâle puéril à la lune
et le chat noir panthère rugissant de rage

la griffe lacère
un filet rouge s'ouvre

au bout de l'horizon des coups de tonnerre
cognent
les deux combattants
aux confins du monde animal
où leurs propres limites
s'approchent de l'homme-chat

et comme une violence inégalée
l'instinct a eu raison

jeudi 30 octobre 2008

30 octobre 2008

- IV -

trois fois passera la dernière la dernière...
il n'y a jamais d'actes totalement ratés
la preuve est qu'il est encore là

il l'attend derrière le buisson
prévoit franchir l'infranchissable
un bond de plus d'un mètre
ses pattes arrière bien entraînées
il suffit de sauter

des crocs perforent la nuque trop facilement exposée
la dame de chambre partie faire des emplettes
croule sous ses sacs le parquet la projetant entre ses griffes
le chat n'a point oublié le sort qui lui avait été jeté
son allure débrayé trahissant le pur sang de son ancienne vie

morsure dans la chair claire
alors que derrière un homme au teint pâle
s'apprête à secourir la dame meurtrière
au prise avec la colère
d'un chat de gouttière

et d'un coup de pelle sur le crâne
l'achevant à part entière

ce qu'il ne sait pas c'est qu'il reviendra

mercredi 29 octobre 2008

29 octobre 2008

- III -

troisième vie déjà
se souvenir vaguement d'odeurs de sang

se retrouver Siamoise
allongée dans une allure royale
le minois distingué d'une farouche indépendance

un fin collier au cou de race
médaillon doré pour préserver la caste
si précieusement acquise

dans la gamelle la mort au rat
une dose de jalousie
pour éradiquer la dynastie

mardi 28 octobre 2008

28 octobre 2008

- II -

le chat se relève
la tête toute petite
engluée d'une nouvelle existence

la paille sous lui
une grange au grandeur démesurée

une lutte à la survie
où le plus fort l'emporte
le maillon génétique
du vainqueur

prédateur carnassier
dans l'ultime attente de bondir
les griffes armées par la faim

chat sauvage fuyant la présence trop ressentie
des hommes
le regard aiguisé lors des lunes brûlantes
les oreilles pointant au moindre bruissement

la fourrure en bataille
comme une preuve de lutte
et de prise à mal de mise à bas

vaincu le fauve se sauve

lundi 27 octobre 2008

27 octobre 2008

La mort en sept actes

- I -

le chat vit sept fois
avant de voir arriver le jour
il renaît

la première entrée
est forte en sensations
vibrisses exploratoires
et pattes velues

une belle vie au pelage bien lisse
ronronnements au soleil sur le paillasson
dormir blotti la douceur et le vertige du sommeil

le matou s'étire s'arc-boute
se hérisse la colonne
le passage des saisons
à coup de couleurs du roi d'Espagne

le temps chassé entre les promenades
nocturnes et les gourmandises avalées tout rond

les yeux à présent fermés du vieux félin
-- la porte grillagée du jardin
demeure ouverte