lundi 30 juin 2008

30 juin 2008

l'ermite du temps
sème le silence
un silence fruité
empli d'une sensibilité
empreinte de respect
une écoute
de mots inaudibles

l'ermite parcourt les espaces vides
vierges
aucune trace humaine
pureté d'un décor
sans expérience

l'ermite effleure la nature
sans la déranger
il se love en elle
une aquarelle
peinte à la bouche

l'ermite égraine sa vie
les cendres de son existence
jetés sur la portée d'une douce symphonie
étreinte amicale avec le vent

dimanche 29 juin 2008

29 juin 2008

l'orgue joue des touches qui volent
effleurement d'une paix blanche
la mélodie flotte la lumière des vitraux l'accueille
l'organe des anges jouissance des tapisseries fines

le silence d'une chorale mystique
des voix versées dans une coupe pleine
un écueil aux lèvres comme seul vaisseau

le saint homme repose sur nos genoux
léger comme le prolongement du souffle
le regard aspiré par les fresques vespérales

samedi 28 juin 2008

28 juin 2008

la vie est arrivée un dimanche matin
l'aube à peine levée
un filet de lumière au coin de la porte
ça cogne
on ouvre
un panier en osier
minet rose emmitouflé
deux grands puits ronds
écarquillés
et la péninsule de la voix de la mère
prenant le large

vendredi 27 juin 2008

27 juin 2008

délire dru de la rage dans le corps à en revendre tu craches partout vois rouge noir le ciel la terre y a pas de différence le gris n'existe pas ça tourne ben de trop vite autour de toi des flèches arbalète pleine tu te défoules sur ta guitare qui dégueule sur scène t'hallucines ben raide tu sais pus comment te tenir deboutte t'exploses plein de pue t'imploses ça mitraille t'es pus capable ça tombe à renverse y a pus rien qui tient drette y a dix avions qui te rentrent dedans des milliers d'assassins des caméras qui t'observent te poursuivent y a des voix dans ta tête t'es entends toutes en même temps ça arrête pas ça s'amplifie t'en peux pus tu ploies tes genoux plis sous le poids de la haine ta guitare se transforme en requin c'est Jaws dans ta face y te court après les crocs en sang t'en peux pus t'es tombé dans ruelle il y a plein de nids de poule grandeur nature tu trébuches t'es mouillé tu sais pus si c'est de la pluie ou de la sueur tu pleures t'es à boutte t'as une mission tu continues ton chemin à gauche c'est Bush à droite satan y vend de la shit pas le temps de le saluer le trottoir s'enflamme tu vires au vert y a pus rien autour à part du feu le requin géant en gros plan vite sauve-toi dit la femme en blanc t'as pas le temps de délirer le train arrive tu te couches capoute sur la track de chemin de fer pis tu te fermes les yeux pour fuir l'enfer

mercredi 25 juin 2008

25 juin 2008

emportée par le flot
chant des sirènes enchantées
sifflet suave censuré
cachée au fond des fonds rocailleux
marine marinée arrosée au vin rosé
la flotte voyage cherche à croquer les algues
grains de sel granularité du sol sablé
salinité corail incrusté
poursuite fluide d'une nageoire ailée

l'île replonge sous le niveau du seuil
humide solitude sensible
apnée humectée
liaison du plongeon
prolongement du mouvement lourd
les profondeurs d'une surface immolée
engloutie en corps aqueux
cucurbitacée océanique
muses immortelles en manque d'amour

mardi 24 juin 2008

24 juin 2008















suis patriote
écrire cette langue

de ma race
de mon sang
suis compatriote
mon destin
est le vôtre
mon dessein
à la langue de liberté
c’est un 15 février
fier et grand
levé contre les vents
et en ce jour brumeux
vous salue
compatriotes pendus

lundi 23 juin 2008

23 juin 2008

ferme-la
écoute ta mère
qui te parle
agenouillée
devant toi
ton visage fiévreux
s'inquiète
de lui-même
ses bras ont une force
qu'il ne connaît pas
le paternel penché
sur le petit dernier

inerte
violence marquée
de secousses agitées

dimanche 22 juin 2008

22 juin 2008

deux mots-canons extorqués à deux mains
au bout du vocabulaire de son propre sang
un gun frette sur la tempe trempe
une nuit rafistolée au couteau
déchiquetée en lambeaux
des petites coupures de caisse en cause

au fond du caveau, un fauve portant un trench-coat calfeutré
sur un banc de métal rouillé des dents arrachées
une ampoule trop crue pendue au noir
il n'y a même pas assez de lumière pour voir
la persécution se commettre
commission commise en colimaçon

des secrets triturés dans des tripes d'hommes masqués
"sais pas" qu'il a dit pour la xième fois ce n'était pas lui

samedi 21 juin 2008

21 juin 2008

assis sur le dos de la conscience
l'être à en devenir attend
la paume nue et ouverte

reconnaissance d'une âme en exil
il médite grain par grain
un mandala de poudres colorées
dul-tson-kyll-khor offert à l'éveil du bouddha

calme bleui par les montagnes
il a vieilli depuis le premier aurore
ses traits tissés par les femmes du pays
des drapeaux de tissus hissés au sommet

par dessus les nuages
sépultures de l'air pour un moine de la région du Kham

vendredi 20 juin 2008

20 juin 2008

Liste des trucs à faire avant de mourir :
  1. Faire le lit une fois pour toute
  2. Laver la vaisselle une fois pour toute
  3. Sortir les vidanges une fois pour toute
  4. Régler mes comptes, payer mes dettes une fois pour toute
  5. Arrêter de m'en faire une fois pour toute
  6. Crier à m'en époumoner une fois pour toute
  7. Sentir le temps passer, voir les secondes, leur parler une fois pour toute
  8. Dire toute la vérité aux oiseaux pour qu'ils volent plus librement, une fois pour toute
  9. Faire l'amour parce que c'est beau, une fois pour toute
  10. Arrêter de pleurer lorsque mes cheveux tombent, une fois pour toute

Après avoir accompli tout cela, une fois pour toute, m'enrouler dans le grand châle de ma mère, m'empiffrer de son odeur, me gaver de ses bras d'antan pour qu'elle me chante encore et toujours ses berceuses créoles au saveur de soleil.

jeudi 19 juin 2008

19 juin 2008

elle n'a pas souffert
sa trame sonore a été transpercée
guidée par une ondée
voix lactée liquéfiée
galaxie camouflée la voie à peine dévoilée
somnambule ambulante déambulant bulle emballée
elle n'a rien senti
fréquence fluide d'une galaxie éloignée

elle n'a pas souffert
sa trame sonore perforée
flore acoustique
happée l'inconscience humée
oscillation océanique inaudible
bruit ambiant amplifié au seuil
d'un météore cramponné au cratère du sommeil

mercredi 18 juin 2008

18 juin 2008

le pont Jacques-Cartier comme une corde à danser
elle fredonne des comptines improvisées des mots maladroits marmonnés
dialectes superposés en calques transparents
ne se rappelle plus les derniers couplets

la corde invitant à sauter
s'avance au dessus des rampes d'acier
un corbeau haut perché lui récite Baudelaire et Mallarmé
nu pieds la funambule virevolte sans filet
un fil de fer peinturé en vert se perd
une chute outragée un jeu de marelle effacé
et le fleuve St-Laurent encapsulé
sous une couche de frimas un carré de sable inhabité

mardi 17 juin 2008

17 juin 2008

une cigarette éteinte une étreinte au bout de ses cendres entre le bout des lèvres et l'embout de papier

l'index mouillé suit le mouvement des ondulations
respiration spasmodique scandée au diapason
allumette craquée diadème éclairé sur un lit de tisons
le fumoir allumé goudron lourd s'étend
conquiert l'étang alvéolaire
mort pulmonaire pulvérisant
souffle jauni s'empare s'emplit sévisse inassouvi

un mégot scaphandrier comme seul témoin

lundi 16 juin 2008

16 juin 2008

la voix éraillée sur les scènes du peuple dans l'espoir d'étreindre le vrai un premier verre bu à la santé des jours écoulés une promesse griffonnée sur un coin de napperon en papier dans un snack bar transplané une serveuse surréelle accoudée sur le comptoir carotté rouge et noir un hot-dog cramé mangé par les deux bouts des rires imperceptibles d'enfants dragons un baiser caméléon attrapé à la volée une caravane remplie de vieux adolescents turbans couleur safran soulevant la poussière du soleil chaud d'une contrée égarée il y a du rouge au loin d'immenses titans chevauchant des tanks grandeur nature démocratie repentie à bâtir anéantir la voix au fond de soi pour découvrir qu'il fait noir de l'autre bord

samedi 14 juin 2008

14 juin 2008

arrêt obligé il retourne chez lui
après des années lumières à se chercher
son visage rendu amer
des cernes de soucis le dissimulant sous des nuages gris

il a oublié l'enfance dans ses genoux un sourire en panne
des calculs à perdre la tête des langages aseptisés d'adultes mornes
l'amour se chiffre est compté en années d'hypothèque en frais d'avocat en déceptions comptabilisées
les sourcils serrés il retourne chez lui
il n'en a pas envie il aurait voulu s'enfuir quitter son corps trop grand pour lui

une chambre à gaz dans le garage une asphyxie garantie ou argent remis il n'y a plus assez d'air dans l'air pour respirer librement

vendredi 13 juin 2008

13 juin 2008

un regard bridé de sagesse
chaman de la montagne
tu as gravi tant d'années de silence
pour entendre l'aigle pourfendre le vent
ton souffle se tait lentement

rituels profanes d'un oiseau de proie
la nature te pleure et te rend hommage
ton nom gravé sur la peau des saules
le totem de tes ancêtres
comme seul symbole des Premières nations

mercredi 11 juin 2008

11 juin 2008

aveugle de ne plus voir aveugle de la mort aveugle qu'il est dans le noir pénombre du désespoir l'ombre d'une cécité égarée au gré d'une vue globale d'un panorama ramassé au sommet des pensées

aveuglé d'une clairvoyance malvoyant d'aimer l'oeil fermé de force à force de continuer dans le brouillard non-voyeur voyant la voie de l'autre aller vers l'autre déficit forcé du visuel manqué le toucher tactile par défaut pour aider à sentir le perceptible d'une odeur réalité nouvelle réinventée dans ses bras

il avance la tête baissée le goût d'extraire les saisons du trottoir la vision fabriquée par l'oreille et le corps exacerbé par sa propre lumière photosynthèse sanguine d'une hémorragie hémoglobine souterraine

mardi 10 juin 2008

10 juin 2008

il fait froid quand on n'a pas d'âme
il l'a probablement vendue dans un marché aux puces un encan pas de dents alors qu'il ventait si fort dehors qu'on pensait que le jour ne tiendrait pas le coup
il l'a vendue en échange d'un peu de whisky de tabac de vils tabous
on dit de lui qu'il ne sait ni lire ni écrire qu'à peine il sait compter
on dit qu'il n'a pas de nom et pas de parole qu'il vit comme un chien un sale cabot
à l'abri des regards il s'abrite sous les viaducs cherchant un peu de réconfort parmi les débris détritus égarés
il a perdu la boule depuis longtemps bien avant les guerres et les famines il ne se rappelle plus s'il est né en février ou en juin
il erre sans date ni dossier nulle part où aller juste une vieille médaille autour du cou un collier le traînant d'une ville à l'autre
vide de sens en embarcation paquebot qui coule avec à bord un illettré égaré objet perdu non réclamé

lundi 9 juin 2008

9 juin 2008

les deux mains jointes
réunies dans le creux de la paume
des branches de lierres entre les doigts
grain par grain de prière
le cristallin limpide et clair comme l'aube
une pureté dans la bouche
un chant miséricordieux
pour pardonner l'existence du pénitent
chaque geste comme des perles mouillées
des larmes d'amour vierge
un lac profond miroir de la foi

elle s'est donnée à lui
agenouillée comme une fleur cherchant le soleil
la corolle tournée vers le ciel en guise de remerciement

samedi 7 juin 2008

7 juin 2008

deux mots avant de quitter l'homme-écrevisse étire sa pince se la met dans face et tire la chasse d'ours mamelles se replie sur le crâne se revire sous sa tombe et repile sur sa carapace pour y sortir une femme-crapeau provenant du chapeau de sa propre sacoche en peau de castor croisée chameau

ça peut sembler bizarre une histoire de croque-mort mais des crustacés décapodes en liberté ça ne se laisse pas manger tout seul y faut exposer à reculons des tonnes de possibilités l'homme-écrevisse pas frais pas congelé laissé sur le comptoir à se faire sécher à veiller tard ça pardonne pas

jeudi 5 juin 2008

5 juin 2008

suis fatigué comme jamais
le monde a déjà explosé
l'ai sauvé plus d'une fois

chaque explosion
à recréer

suis si fatigué ai jamais dormi
le poids de l'éternité
comme châtiment
n'avoir jamais vraiment existé

mercredi 4 juin 2008

4 juin 2008

elle plie les vêtements
pans de sa vie
à chaque mouvement

une manche cousue de travers
un bouton de col
manquant

la cravate trop droite
le coup de fer
repassant
incessamment

des petites culottes
à l'envers
cachées au travers

chaque geste
vieillit
de l'eau de javel
sur la mémoire

une dernière brassée encore
avant de laver ses fautes

mardi 3 juin 2008

3 juin 2008

zones urbaines
disqualifiées du sens

métro en sourdine
les points à la ligne
clignotent

frontière encerclée
d'oranges mécaniques

le temps d'un saut
sursaut
d'un saut à la ligne

point de fuite
en déséquilibre

le temps d'arrêt
d'une station figée
sans parler

zones urbaines
disqualifiées du sens

lundi 2 juin 2008

2 juin 2008

profonde inspiration
odeur de pluie

nuages
à plat ventre
porteurs d'eau

pâte à papier
Trois-Rivières transpire au loin

la houle dans les rames
pagayer l'orage

rouge envie
de foudroyer l'éclair

le tonnerre tonne
ne se détourne pas

dimanche 1 juin 2008

1er juin 2008

princesse cerf-volant
robe bleu ciel
nez de poupée
petits pieds fuyants

enfance rouquine
promène en sautillant
miaulement et coassement de grenouille

ballon se sauve
roule en boule

monde des adultes
interpellé

asphalte sourd
crissement de fillette
un ballon comme bouée
comme seule vérité