mercredi 29 avril 2009

29 avril 2009

épine dorsale déviante la colonne alourdie par les passages incessants des transports en commun la commune mesure transportée à tous les arrêts des banlieues périphériques des terrains vagues semant des faiseurs d'enclumes des remueurs d'amertume la mélancolie attachée au rétroviseur

s'étendre le bras pour prendre l'appréhension de donner de recevoir d'être reçu la sensibilité à fleur de peau la farine saupoudrée légère sur les comptoirs encombrés doses plus ou moins subtiles de kérosène

chantier à découvert nourritures intellectuelles le rouleau à pâte mâtant la recette de s'être déplacé la quantité incorporée aux cernes de fatigue la phrase assassine en train de cuire à 370 degrés

lundi 27 avril 2009

27 avril 2009

tu croyais couper court
alors que tes traits s'allongeaient
tu désirais avoir la foi
tenter d'épurer tes rêves
transcender la réalité

tu voulais mettre en poudre ton passé
le moudre et mordre à pleine dent le moment présent

la moulure de ton espace restreint
et l'infarctus de ton cactus mental

trop de trucs de tracas cacatoès
les calculs calfeutrés de ta survie
retenus à la source

dimanche 26 avril 2009

26 avril 2009

flagellation mélancolique
tes phrases me giflent
une à une elles s'écrasent
sur mes joues échaudées
ton pouce enflé
au couleur de tes verbes brûlants

tu me surchauffes les tympans
qui se perforent
sous l'affaissement des perséides
trempées dans les ultra-sons

samedi 25 avril 2009

25 avril 2009

elle est morte à la bonne date celle qu'elle avait choisie c'était important pour elle de terminer ses besognes d'expier la plupart de ses tourments toute sa vie durant réglée au quart de tour à 6h la levée l'entraînement la brasse se propulsant au podium

elle poussait de ses larges nageoires la connexion des branchies à l'air extérieur dépaysement elle tentait le moins possible d'aspirer le chlore

pour se constituer une charpente ses arêtes aussi dures que l'azur ses dents à l'émail pur trente années à se déchaîner la nage olympique les compétitions les courses contre la montre chaque centième de seconde comme des fractions à retenir ayant le pouvoir de réchapper une année entière d'endurance

mais l'assaut l'usure une fracture facture fatale la somme de sa lassitude ses ascensions prenant trop de place des vieillesses doublées au carré la racine qui se frictionne à l'alcool distillée

l'embargo et le piano du 20e répondant au montant de la chute c'était la bonne date celle qu'elle avait prévue ou souhaitée lorsqu'elle complétait ses réchauffements avant d'étreindre les limites

une carcasse médaillée à plusieurs reprises et reprisée maintes fois pour répondre aux souhaits de la famille

départ départi l'exposition maintenue le salon mortuaire tel un gymnase au repos obligé la serviette allongée sur le cercueil comme un tissu enveloppant les sarcophages les plus fameux

un mémorial à sa santé

vendredi 24 avril 2009

24 avril 2009

à l'autre bout de la passerelle
un homme
sa carrure plombe
revêt le noir
du grand corbeau

il attend surréel
l'immuabilité du brouillard
laissant entr'apercevoir
ses contours imposants

l'inquisiteur du pont
stationné à l'entrée de ses pieds
le poids de sa gravité
franchissant la doublure de son menton

chevalier ténébreux ou cowboy funeste
il encombre sa stature
pour intimider
l'angoisse palpable de sa vision

de l'autre côté
à l'autre extrémité
le duel des peaux
l'adversaire paré à l'assaut

l'épaisseur de l'eau
lorsqu'un plongeon bouleverse

jeudi 23 avril 2009

23 avril 2009

faire les cent pas
arpenter les corridors
qui nous empêchent de pénétrer
à l'intérieur des chambres secrètes

ici le temps n'a pas d'emprise
il traite tout le monde de la même façon
rien ne le retient
aucune dette
aucun rendez-vous urgent
que des listes d'attente interminables

le temps ne tourne pas
il rampe
se traîne du mieux qu'il peut
entre les horaires de nuit et les quarts du matin

horde des peinturés bleus
le masque de fer à souder
couvre de reculons les transitions

faire les cent pas
pour la énième fois

ma mère pétrie au fil des ans
qui se prolonge
le métier à tisser les âges dans le rouage

la roue vieillie
et comme toute poulie
lâche
à l'usure

mercredi 22 avril 2009

22 avril 2009

vrilles parcellaires
pupilles dilatées
les formes vibrent
sous les charmes
de nos arbres
habillés de rouge
leur cime comme des ronces
rance l'acide d'une salive
ravalée
tant d'années à circonscrire nos silences
assidûment arrosés
tant et aussi longtemps
que les matins s'éteignent

comment faire pour me rallumer l'approche en devanture
l'approche aux cils insistant
sifflements amoureux
comment résoudre l'attente du talisman
inexistence de la souche

l'arbre à s'en aller derrière nous
me laissant tel un tas d'os à en devenir
engrais frais de mes fantasmes fugaces

mardi 21 avril 2009

21 avril 2009

passage de l'autobus provoquant des ombres d'images
sur le devant des papiers roulés
de la gomme à mâcher
des publicités effilées sur du flou

ça bouge trop vite
pourtant rien ne bouge
dans le mouvement
notre immobilisation
au ralenti les choses nous apparaissent plus grandes

est-ce l'histoire d'une attente ponctuée de passants
quelle heure est-il se demande la femme au manteau froissé
l'angoisse d'observer
d'être celui ou celle qui observe

à la queue-leu-leu l'on pense toujours découvrir la ligne
la ligne jaune appelant l'attention du piéton
à l'intersection une caméra
puisqu'on est filmé
peut-on toujours regarder au même endroit

et si l'on traversait

au coin de la rue no 438
les chiffres peinturés en blanc sur un bloc de ciment

à quelle époque sommes-nous

aujourd'hui hier

les escaliers vacants

pendant que les automobiles roulent
et que les passants passent

l'accélération des images

pour recevoir l'ordre d'attendre
contraction du temps
relâchement

si l'on inverse la pellicule

qu'est-ce que ça donne

tout le monde s'arrête

sans jamais rien demander à personne

tout le monde s'arrête
à des endroits isolés du bruit
à des endroits isolés du bruit

lundi 20 avril 2009

20 avril 2009

suis la victime de ma propre vie
ton nom le mien telles des éponges carcérales
chaque prétention
chaque intention
tenue à la subtilité
à la susceptibilité du geste incongru

faire attention
ou prétendre à l'harmonie
au semblant d'une conduite acceptable
le social inséminé et distribué dans des éprouvettes stériles

rendre infertiles les jardins qui nous séparent

orgasme à contraindre
sphère intensive de nos sondes superflues
les contours perturbent la vision
ponctuent nos transparences

suis la victime des êtres en vie
parce que seule ne suis pas utile
l'espoir se transmettant dans les traces de l'autre
dans l'approvisionnement du semblable à soi

des êtres pris en otage parmi des êtres pris en otage parmi des êtres pris en otage
ritournelle perpétuelle
de la même phrase formant une spirale de nouveaux corps qui se réveillent

dimanche 19 avril 2009

19 avril 2009

son imperméable jaune serin deux fois trop grand pour elle le chapeau enfoncé sur ses cheveux aux boucles si denses presque aussi écarlates que ses joues affolées trapèze écartelé sur la scène de ce cirque sans chevaux la chute de pluie telles des rafales de vent qui déferlent sur la glace intercalée

elle bloque à la fois la sortie et l'entrée debout dans les entrejambes d'une ville déserte les lumières de rétention pratiquant toutes le même clignotement d'atomes qui brûlent la torche virulente suspendue au porche de ses pas à créer

son imperméable remonté au menton le bout rond de son nez d'athlète pinçant la flèche à transmettre une incertitude respectant les distances du message à transparaître ses paupières closes empreintes des temps à gagner le flambeau d'une sagesse promise

paix de femme debout prête à braver la mort son visage oblong imprégné de la montagne aperçue au loin un jour où elle croyait encore à l'espoir de vaincre

samedi 18 avril 2009

18 avril 2009

des bobines de fil déroulent dans l'herbe la débandade du dernier né la tête à l'envers en train de se balancer le globe rebute se percute sur les barreaux métalliques des pneus banane prêts à voyager dans la galaxie montante toi et moi nous sommes petits et c'est normal que nous puissions fabuler la glissoire comme un énorme observatoire et il y a la tournée des billes à lancer

des bobines de fil déroulent dans l'herbe pellicule expérimentale la trame narrative s'invente aux travers des déboires des grands montés sur leurs échasses leurs praticables insurmontables les nombreuses perspectives tissent une toile crochetée soigneusement par des doigts d'épouses éblouies épuisées à se bercer le temps qui picosse leurs lunettes en demi-lune pesant le détail du dévouement à l'ouvrage la lampe d'appoint fidèle au poste pour permettre la tranquillité presque parfaite de s'installer la provenance d'une statut à l'état stable

des bobines de fil déroulent dans l'herbe Bobin se penchant sur son reflet sensible un talisman à la bouche pour se protéger des dieux indécis de leur provenance et du sort réservé aux muguets qui ne poussent qu'au mois de mai la petite robe de fête à poindre au bas des escaliers du pallier propre où gît le passant qu'on attend

vendredi 17 avril 2009

17 avril 2009

il s'était levé plus tôt qu'à l'accoutumée
son café instantané sorti du congélateur
ne lui fournissait pas les résultats escomptés
seulement l'acidité des grains pauvres
parvenait à déranger la cloison de son estomac

le néon suspendu bêtement au plafond de la cuisine pratiquait des rites de passages
échangeait des grésillements suspects
avec le calorifère de service
le courant électrique probablement atteint par la gangrène
des caillots bloquant la circulation d'électrons libres
parfois des poussées de fièvre parfois des arrêts cardiaques par intermittence
une toux partielle

il pensait à ses pairs qui ne l'attendaient plus depuis des décennies
par chez-lui on le croyait mort
et il l'était
en quelque sorte

sa substitution
ou pire encore
sa perpétuité

jeudi 16 avril 2009

16 avril 2009

de biais être frappé par la couleur forte des vitraux un jet condensé d'écume flot continu de poussières figées faisceau pénétrant dans l'entonnoir d'une mort le crâne phosphorescent

assis sur la moulure échancrée du bois riche la colonne travaille s'exerce à fendre l'échancrure des yeux qui se ferment ployant sous le poids des courbes qui s'inclinent

la mine s'offrant au clair-obscur le haut des lèvres allumé le bas aveugle ramification des sièges parallèles formant des alignements à angles droits

la pénombre côtoyant les quelques soubresauts qui cohabitent avec l'encens et l'orgue ça fait sens d'attendre toute une vie de se rendre à l'autel demander pardon en s'agenouillant les bras relâchés lâcher prise laisser choir toute la charge

il lui l'homme à la voûte cambrée du dos encombré l'effacement du visage sa vie s'estompant comme du pastel que l'on étend sur du papier mat la pose du tremblement millénaire parfaitement rangée dans ses souliers

à travers lui une lance transperçant la racine à l'origine de ses chaînes transversales la salle vide aux sens plein d'eau de vie

mardi 14 avril 2009

14 avril 2009

Dômes là où il fait noir en permanence parce qu'il manque d'air on asphyxie encapsulé aucun moyen de ventiler d'ouvrir de s'inventer un second réel

Dômes pendant que les cathédrales s'effondrent et que le soleil disparaît on ne peut faire autrement que de rapetisser se réduire à l'état du cendrier

Dômes ou le mutisme la déchéance déviances masquées mais acceptées par tout le monde par tous les invités parce que c'est trop pressant d'alimenter le désenchantement global

Dômes au pluriel pour être sûr d'en avoir assez se prendre au pied de la lettre s'enfarger dans les marges dans les mots on ne dénombre plus l'infortune que cette folie nous occasionne

Dômes par-dessus les gratte-ciel ça nous gratte le dessus de la tête à longueur de journée et on ne s'en rend même plus compte on est rendu aseptisé la solitude d'être enfermé cloison prison massacres encouragés le viol perpétré en plein zénith mais pourquoi donc faudrait-il se gêner

Dômes ça sonne angoissant c'est hilarant la zone presque sobre du statu quo pendant que les monstres se dévorent entre eux la démangeaison des murs qui nous bloquent vision entrecoupée du borgne écervelé

Dômes on ne retient pas son nom le superficiel nous gagne la peur comme une éponge qui prend de l'expansion et c'est comme ça qu'on aboutit tous au même endroit à l'étage du non-retour à l'étage qui ne pardonne pas rabroue tes manières d'exécrer parce qu'ici il faut sauter parce qu'ici il faut sauter

lundi 13 avril 2009

13 avril 2009

faire la grève sur des zones infertiles
le bout de trottoir m'appartient
ne m'appartient pas
tu le piétines
et ça me tue
le martèlement du slogan
trouant l'estime de soi

ondes de choc symboliques
tentative laïque d'exorciser la faim
ça ne s'extirpe pas la faim
ça creuse
le savoir n'y peut rien
ça nourrit moins qu'une tranche de pain

malaise sous-tendu à chaque coin de rue
l'on croise des loques grandiloquentes
aux mains tendues
les doigts rabougris par le froid

acharnement tardif attardé la plainte des rôles inversés
ralliement d'un suicide assisté
bien syndiqué
il n'y a pas de quoi s'inquiéter
ta cotisation justifie l'acte
de trépasser

dimanche 12 avril 2009

12 avril 2009

la ville se referme sur elle-même
laisse passer quelques filets de peau
peau neuve
en provenance des terres anciennes
où l'ocre et le fauve se côtoient
coït senti du féminin entrouvert au masculin qui l'assaille
tourbillons de grêle et de vent
par dessus les toits de tôle les clôtures qui se protègent de la grisaille
nids protestants
écureuils habillés en civil
quelques cordes à linge se faisant violence
chorégraphie imprévisible des plantes carnivores
désarroi aux confins des métros
des guichetiers couverts de fond de teint
tout au bout de la ville une tulipe lutte pour sa survie
sa tige supportant l'atome du vivant
à côté d'elle les détritus de l'homme parapet
l'homme qui se tapisse en rampant
fuite de la ville qui se referme sur elle-même

samedi 11 avril 2009

11 avril 2009

dernière image consentante la main appelant à l'aide s'accrochant les pouces sur la poignée de porte coincée entre les gonds glamour et les glandes androïdes vite sortir ailleurs à l'intérieur il n'y a nulle part respiration coupée l'interdiction de pagayer un barrage clandestin canal où la digue s'insurge renfloue les yeux de panique flou bleuté de l'urgence où les teintes à l'air libre n'inspirent plus l'instinct de vie pulsion ayant actionné les pompes dévastatrices salvatrices oui c'est clair qu'il est trop tard pour reculer l'extérieur liquide en un refuge déluge ta place préparée à chercher la bouée un sauveur ou tout être qui bouge parce que l'entrée se bloque de plus en plus et empêche de déloger le corps étranger

perte de conscience permettant à l'inconscient d'agir inconsciemment si les genoux pouvaient seulement fléchir vers l'avant le recul plongeant à l'état du vide à l'encontre de tes gestes à grand déploiement cette chute cratère terne d'une nécessité d'atteindre l'équilibre fragile tenu par un fil habile du souffleur créateur d'espace

mardi 7 avril 2009

7 avril 2009

tu essuies ta bouche sur ma manche mon grand poncho mexicain recouvrant tes épaules exposées aux rafales

des écouteurs plaqués sur tes oreilles les mèches de cheveux qui recouvrent ta musique

par les oreillettes des rythmes vibratoires s'échappent tu te captures un espace entre tes sourcils pour m'accommoder moi et ma propre parodie

tu me supplantes la jubilation des sens gage d'envahir l'avenir semblable à des baluchons indisciplinés

sur la pointe des pieds l'intrépide mesure en clé de sol choisie la veille durant la classe de chant alors que nos yeux s'épiaient à travers les mots

tu trempais mes mains sur ta peau pour t'assurer le pouls à vive allure ta prestance me convaincant de rester conscient jusqu'au bout

lundi 6 avril 2009

6 avril 2009

ai voulu t'aimer de mon mieux
sans violence
ni me perdre
cadence carencée de repères indemnes

ai pensé en lumière claire
pour me blesser à nouveau
retraverser à tâtons les longs corridors sombres

tu avais les blues et tranquillement l'averse sur nos têtes
pleuvait par intermittence
déversement compulsif de cris étouffés
un silence qui se disloque


ai voulu t'aimer près des osmoses la transgression
l'envie impulsive anéantissement létal
du moi au toi toujours en train de justifier sa présence

dimanche 5 avril 2009

5 avril 2009

envie de se heurter soi-même
se propulser violemment
devant un camion arrivant à toute vitesse
se lancer sans penser
réflexe d'anéantir la mort
par la mort

se faire happer enfin
impact percutant
se libérer du fardeau
de mener un train de vie minable

au même moment
des centaines de papillotes
distribuées gratuitement
en mémoire des amputés de guerre

samedi 4 avril 2009

4 avril 2009

la merde à l'état de merde
les pigments de mon inertie
ou la stricte incapacité
d'exister et d'en jouir

inaptitude du dire
mal mené
mal interprété

insignifiance lourdement parfumée
à notre auto-flagellation semi-consciente

mercredi 1 avril 2009

1er avril 2009

l'étrangeté du décor qui pend
tels des oiseaux en perte d'autonomie

ma précieuse
ma farouche intrépide
pourquoi te fais-tu si petite
en ces jours infectes
on te prend par les cornes
et personne ne réagit
tu es fébrile comme un cheval
qu'on achève
un étalon ayant du vécu
d'arrache-fleuron

le far west empruntant
nos terrains vagues
nos plaintes d'hiver bloke
t'as mal en ma langue
et pourtant
aucun bruit nulle part
de ta lente disparition
un silence abrupte

Montréal au teint anglo-saxon
autour de moi ça sent la coupe à blanc
l'envahisseur s'insinue s'insuffle à la racine
de notre glotte écorchée arrachée
par des siècles de perdition