vendredi 31 octobre 2008

31 octobre 2008

- V -

promesse dite promesse due
cinquième vie révélée
au grand jour alors que les éléments se déchaînent

dehors les tentures claquent
on entend les gonds souffrir
la devanture des chaumières en crise d'épilepsie

une pluie drue tombant comme une armée de flèches sèches
ça siffle par en dedans les vents s'infiltrent

sous les éclairs
des yeux jaunes foudroient
la démarche féline ne ment pas
elle se rend tout droit à sa proie

sous un pelage d'un noir amer
l'infiltration sournoise d'un chat ninja

vengeance du trépas d'un homme à la pelle
et la peur sans nom d'une détermination sans appel

duel cruel entre l'homme pâle puéril à la lune
et le chat noir panthère rugissant de rage

la griffe lacère
un filet rouge s'ouvre

au bout de l'horizon des coups de tonnerre
cognent
les deux combattants
aux confins du monde animal
où leurs propres limites
s'approchent de l'homme-chat

et comme une violence inégalée
l'instinct a eu raison

jeudi 30 octobre 2008

30 octobre 2008

- IV -

trois fois passera la dernière la dernière...
il n'y a jamais d'actes totalement ratés
la preuve est qu'il est encore là

il l'attend derrière le buisson
prévoit franchir l'infranchissable
un bond de plus d'un mètre
ses pattes arrière bien entraînées
il suffit de sauter

des crocs perforent la nuque trop facilement exposée
la dame de chambre partie faire des emplettes
croule sous ses sacs le parquet la projetant entre ses griffes
le chat n'a point oublié le sort qui lui avait été jeté
son allure débrayé trahissant le pur sang de son ancienne vie

morsure dans la chair claire
alors que derrière un homme au teint pâle
s'apprête à secourir la dame meurtrière
au prise avec la colère
d'un chat de gouttière

et d'un coup de pelle sur le crâne
l'achevant à part entière

ce qu'il ne sait pas c'est qu'il reviendra

mercredi 29 octobre 2008

29 octobre 2008

- III -

troisième vie déjà
se souvenir vaguement d'odeurs de sang

se retrouver Siamoise
allongée dans une allure royale
le minois distingué d'une farouche indépendance

un fin collier au cou de race
médaillon doré pour préserver la caste
si précieusement acquise

dans la gamelle la mort au rat
une dose de jalousie
pour éradiquer la dynastie

mardi 28 octobre 2008

28 octobre 2008

- II -

le chat se relève
la tête toute petite
engluée d'une nouvelle existence

la paille sous lui
une grange au grandeur démesurée

une lutte à la survie
où le plus fort l'emporte
le maillon génétique
du vainqueur

prédateur carnassier
dans l'ultime attente de bondir
les griffes armées par la faim

chat sauvage fuyant la présence trop ressentie
des hommes
le regard aiguisé lors des lunes brûlantes
les oreilles pointant au moindre bruissement

la fourrure en bataille
comme une preuve de lutte
et de prise à mal de mise à bas

vaincu le fauve se sauve

lundi 27 octobre 2008

27 octobre 2008

La mort en sept actes

- I -

le chat vit sept fois
avant de voir arriver le jour
il renaît

la première entrée
est forte en sensations
vibrisses exploratoires
et pattes velues

une belle vie au pelage bien lisse
ronronnements au soleil sur le paillasson
dormir blotti la douceur et le vertige du sommeil

le matou s'étire s'arc-boute
se hérisse la colonne
le passage des saisons
à coup de couleurs du roi d'Espagne

le temps chassé entre les promenades
nocturnes et les gourmandises avalées tout rond

les yeux à présent fermés du vieux félin
-- la porte grillagée du jardin
demeure ouverte

dimanche 26 octobre 2008

26 octobre 2008

la balance ne pèse pas lourd dans le drainage fiscal
ou aussi bien dire qu'après demain y fera pas beau
non c'est clair comme l'eau du frontispice que la colline d'en face tient toujours à peine sur place
malgré les poutres rongées par les termites marines
oui oui me regarde pus comme ça petite vermine les termites marines ça existe pis ça prend du poids là où il n'y en a pas
c'est pas parce qu'y a des mitaines mal amanchées qu'on peut dire qu'y ne peut pas tirer de la main droite
on en connaît nous autres des gars qu'y ont même pas besoin de pisser deboutte pour être encore assis
tsé ça l'air de rien de même mais au flanc de la montagne c'est là que ça pousse les mauvaises herbes
y a moyen de chercher longtemps pour trouver du chiendent
pis pas besoin de te répéter qu'une cuillerée d'huile de foie de morue ça ne fait pas plaisir
tant qu'il y a de l'amour à frire
c'est pas qu'on veut charrier les boeufs sans crier gare mais les rails peuvent s'en aller toutes seules on ne sait jamais ces affaires là d'avance
pense pas qu'on délire moi là les synapses électro chutent pendant que les bourses capotent
des vrais taureaux en éruption dans les rues de Wall Street
la cape rouge massacrée d'une confusion funeste
on les avait pourtant tellement avertis que les cartes de crédit expiraient à souhait
bien avant d'inspirer la cage thoracique gonflée telle une jument assoiffée
les jeux mis dans le panier pis la poule aux oeufs d'or casse la croûte en compagnie d'une bouchée de pain
trois fois rien installé sur le comptoir
la waitress compte ses salières poivrées la menthe comme un vilain sortilège à jeter
un petit pourboire siège en attendant sur le banc des accusés

samedi 25 octobre 2008

25 octobre 2008

tu m'as demandé de garder le silence de ne pas parler trop fort m'essuyer les pieds avant d'entrer de jeter un coup d'oeil autour de moi m'assurer que personne me voit ne pas allumer le plafonnier ne pas m'attarder dans la cuisine de contourner les obstacles sans les toucher de tourner les poignées sans faire de bruit respirer l'air en faisant attention de ne pas laisser de traces d'odeurs

tu m'as demandé de m'agenouiller pas besoin de m'expliquer devant moi les mots tes dernières volontés garder intacte ta quiétude la conserver intacte pour surmonter l'angoisse le peu de contrôle sur notre destinée la tienne et la mienne au seuil au centre de notre disparition

jeudi 23 octobre 2008

23 octobre 2008

ton trognon de pomme se tord de douleur se frotte les pépins sur des phrases trop mûres il y a des abeilles bourdonnant leur miel dégoulinant sur le crâne creux de nos aïeux il y a des ouragans qui se soulèvent et ça sent les dernières rumeurs aux couleurs d'une fausse naissance d'une renaissance brûlée au plus haut degré le houblon traîne sa faute dans les mégots écrasés sous tes bottes agencées à tes jambes trop maigres tu pues la pute pleine de pue remplie par les instincts du bas ventre qui tremble du bas fond qui s'effondre tu n'as pas envie de fuir parce que ta fente fuit sans cesse et ça tourne à l'envers jusqu'aux lueurs anciennes l'enfance presque blanche calquée indélibile sérigraphie des temps modernes pourtant le fléau ne s'effrite pas il attend avec fureur que l'on s'entretue la carapace ouverte la carcasse exposée aux charognards toujours friands de se servir à même la source vive du désarroi humain

mercredi 22 octobre 2008

22 octobre 2008

entrelacs entrelacés la plèbe remonte se rattache à la surface rabougrie la boule de feu bouge bifurque se fraye une trajectoire trempée sur la strate tempérée du bout du monde bricolé une poussière puce nuisible placardée sur les différents babillards blafards

c'est le début d'une nouvelle symphonie elle s'étale devant vous vous ne la voyez pas c'est elle qui vous observe elle s'inspire de ce qu'elle voit pour se composer par elle-même sur un ton tranquille presque méprisant la reprise surprise là où il est encore possible de prendre sans redonner le don denrée épuisée puits parcouru seul please I don't cry if you leave me mais s'il te plaît lâche ce mépris me méprendre dans une éternelle attente glauque d'un lendemain de veille au Couche-Tard

resserrement censure sortilège longe en moi une sortie de secours qui se tisse sans issue
un long fatras de fils affiliés appartenance transe d'une angoisse spiritualisée
des trémolos dans les gonds grinçants de mon impénétrabilité jalouse

papier couché mat l'impression intacte d'une mort prématurée le tracé sur l'asphalte laissant le contour d'une silhouette le corps le cran enclanché sur un semi-automatique

mardi 21 octobre 2008

21 octobre 2008

assise sur un tapis d'écume blanche
elle espère qu'on va venir la sauver
elle
qui ne quitte jamais les draps tièdes de sa paresse sans fin
où la contemplation du plafond reflétant le passage des heures paraît presque irréelle

la couleur de l'iris tirant sur le violet
effet stroboscopique
l'oeil tendu vers une main saccadée
les doigts boudinant l'aspect concret d'une histoire illogique
les astres l'entourant de leur pourtour agencé

elle
la Louise qui frise au fer chaud
assise ou allongée le visage au repos
les traits polis de la poupée de porcelaine
le regard figé sur un fond opaque
au contact poreux
l'irrésistible provocation là où la simulation s'impose au simulacre

lundi 20 octobre 2008

20 octobre 2008

il ne savait même pas qu'il allait mourir
il ne voulait pas le savoir
ne pas s'en rappeler
faire en sorte de persister au-delà du temps

il s'en doutait
qu'un jour
il devrait renoncer
à lutter

mais machinalement
son corps lui dictait le moindre mouvement

pendant que les loups le guettaient

à chaque tournant des gueules ouvertes
à chaque tournant des alvéoles miséreux
l'envie de disparaître
ou de s'engouffrer dans le noir

le désert de son ombre
épuration fantomatique
ou sophisme de la plus pure absence d'être

dimanche 19 octobre 2008

19 octobre 2008

mouvements souples et fluides des frottements répétitifs soutenus armés de la lame pure d'un archet bien effilé le mime sonore d'une brise printannière secouant fébrilement les arbrisseaux se réveillant dans les premières lueurs du soleil

la grande maison blanche de Sainte-Angèle-de-Monnoir, avec ses portes bleues, cette grande maison debout les pieds bien à plat sur le sol argileux des champs de blé d'Inde à vache bordant les remparts des deux seules routes parallèles du village

toi marchant sans craindre d'oublier au passage de ranger le passé de le mettre sous une cloche de verre sous vide l'auréole entachée des années à s'entasser dans l'oubli où la question qui surgit est celle d'une lutte à ne pas disparaître derrière mes os aigris fondre au plus vite pour que tout ça arrête

et les deux tilleuls vainqueurs les gardiens feuillus ayant survécu au verglas grandiose éloquence de l'état de nature aux devantures infrangibles

samedi 18 octobre 2008

18 octobre 2008

d'une lenteur extrême elle avance
le ventre traînant par terre
l'échine ronde comme sa plainte rauque qui râcle les fonds de tunnel

les égouts refoulent leur haine la nausée désordonnée
ça bout de l'intérieur les remords fument et crachent leur gorge noire

l'étreinte sale entre la honte brute et la hantise de finir comme un macchabée encore vivant dans l'âme mais trop fatigué les yeux brouillés par la suie épaisse qui obstrue toute envie de se relever

vendredi 17 octobre 2008

17 octobre 2008

tu te lèves pour prendre une gorgée d'eau la bouche sèche remplie d'un air ébahi la carcasse de tôle frottant sur le bout des ongles les phalanges étrangement écartées pour laisser passer l'agonie tu te frottes les yeux du coin de l'oeil et t'observes le vent s'affoler sur la tête des passants qui tremblent d'impatience le cou rentré par en dedans et les épaules refluant l'excès du stress éreintement soudain d'une souche de panure saupoudrée d'huile à moteur tu démarres l'ascenceur et les morts carabinés ne survivent jamais

mercredi 15 octobre 2008

15 octobre 2008

ai eu envie de rire lâcher prise briser les cadences le temps d'oublier de réagir à l'atmosphère absurde
dépeindre l'euphorie ancrée au creux de mon pharynx dilaté
la rate me gratte et les soubresauts béants bondissent des hauteurs inégalées
les galets sobriquets trois coups de fouet et sonne le glas les rideaux bourgogne d'un velours lourd velu
les enveloppes m'envoient des colis mal timbrés
à ma porte des lampions s'éteignent les phares effarés de ma BMW préparent une farandole à l'improviste
il n'y a rien qui décolle si ma perluète reste collée
et à l'écran géant des plans de véhicules tout-terrain pouvant rouler contre vents et marées
un gros plan au zoom transplanté me regardant attentivement le bout du nez
n'ai pas eu le choix l'esprit libre d'un fou rire partagé de tirer à la courte paille
ai tiré la plus longue
l'épouvantail empaillé supplanté par sa propre autodestruction
ou l'humour fatidique d'un robinet mal fermé

mardi 14 octobre 2008

14 octobre 2008

sans conviction aucune elle s'élance dans le vide la tête première les pieds pointés
les résultats de sauvetage sont nuls et elle n'espère plus rencontrer la vie
ses comparses éparses aux yeux effacés l'entourent d'une présence beaucoup trop calme
elle la femme sauvée la femme bouée la femme au filet blanc
repêche lentement le temps suspendu le temps d'une névrose irréelle les corps épaves délavées sombrant l'âme naufrage

lundi 13 octobre 2008

13 octobre 2008

folie le vin me saoule et il fait gris
c'est une liqueur d'octobre qui coule sa moue
ses veines implantées dans les miennes
une fraîcheur ensorcelée
où l'apesenteur ne s'incline pas
devant les saules échevelés
des averses volcaniques crachent une lave poétique
on entend des feuilles voltiger dans un ciel plat
au loin des murmures qui carillonnent sur les parquets
et la chaumière s'enferme se couvre de portes

contemplation la pure beauté d'une coupe pleine
les raisins verts parfumés débordent
et mon coeur se pâme s'éprend d'une rebelle amertume
le tanin fortifié dans des barils limpides
bouchons de liège enfoncés dans le col secret et étroit

folie le vin me saoule et il fait gris
on m'avait pourtant dit la bouteille vide
que ma vie était finie
le fer cartilagineux imprégné dans la croupe pourpre
entre mes os rapatriés et ma chair chartreuse en quête d'une ultime évasion

dimanche 12 octobre 2008

12 octobre 2008

début
départ naissance fragilité innoncence découverte lait chaleur mère stimuli apprentissage bipède sons balbutiements mots jeux amis école alphabet arithmétique leçons récréation classe été soleil flânerie exploration adolescence identité questionnements rébellion incompréhension frustration puberté désirs rêves liberté voyages puissance immortalité avenir amour rupture choix études profession carrière autonomie responsabilités maison hypothèque placements prêts dettes stress devoirs routine métro boulot dodo argent avancements mariage couple enfantement famille parents éducation trentaine quarantaine cinquantaine soixantaine accomplissements bilan retraite temps jours nuits saisons années cycles vieillesse grands-parents souvenirs passé sagesse oublis abandon solitude vulnérabilité maladie hôpitaux retour boucle compte à rebours effacement mort arrivée
fin

samedi 11 octobre 2008

11 octobre 2008

y divague les yeux baignés dans les herbes hautes
jusqu'aux genoux des nuages pour emporter
il a empaqueté des doses de chaleur
les a mises sur son épaule avant de quitter le pays
et le front pâle pointant vers l'Est il marche les bras ballants
il a fière allure avec son béret vert et ses bottes jaune sourire
son pied soulève de grandes bouffées d'air frais et le printemps le suit toujours de près
il n'est jamais seul la lune veille elle lui verse à boire durant les périodes sèches des ciels nocturnes
la cadence dandine entre l'épuisement physique et le désir d'éteindre
mais il n'éteindra pas les lumières avant de s'endormir les rêves éveillés le menant en dehors des certitudes et des doutes d'adultes amers

il ne cherchera jamais à chasser l'émerveillement le secouant des pieds à la tête la brunante remplie d'un baume automnal enrobant les rebords de route d'un manteau aux palettes de couleurs chaudes le rouge vif au jaune serin en passant par un orange brûlé
la gamme de l'été sucré s'envole avec les dernières oies blanches

jeudi 9 octobre 2008

9 octobre 2008

les fesses clouées sur la chaise électrique ses tempes prises dans l'étau une sentence à peine prononcée et le fardeau réagit

le passage des jours dans de longs corridors exigus comme un tunnel placardé d'écrans intemporels
il ne suffit pas d'insufler l'envie d'être pour s'extirper du confort ambiant
les cris et les coups de sifflet retentissent en guise de protestations
les roulements de tambours sonnent les minuit tapant et les bourreaux relèvent leur morale pour perpétrer la peine capitale

ET EN LETTRES MAJUSCULES LA MORT SE DRESSE
ÉLECTROCUTION D'UNE PRISE DE PAROLE À SENS UNIQUE

mercredi 8 octobre 2008

8 octobre 2008

le dos voûté la tête rejoignant les genoux le corps pareil au roseau
le haut du front replié sur le crâne il y a des remous le ressac
des racines cuir chevelu clairsemé
les pas tels des avancées triomphales une bataille armée dans les champs désertés par la neige
le froid enfermé dans le fond d'une boîte de conserve

c'est un vieil ancêtre il a connu les ancêtres de nos ancêtres et le décompte de ses nuits poussiéreuses à essuyer des revers somnanbules ne se comptent plus
sa peau s'épeluche pèle s'aplatit translucide telle l'effacement d'une ancienne construction vigoureuse
les os grincent à chaque mouvement imprévu des craquements nerveux meublent la salle à manger aux couverts protégés
intact le vaisselier chambranle lorsque les troupeaux d'anciens soldats s'animent
l'armée ensevelie dans les tranchées boueuses un soir lugubre de la Première Guerre

maintenant la cire occupe son visage reconstitué d'un regard neuf
il tapisse ses espoirs de photos vieillies le temps d'avaler son passé aux obus tirés en noir et blanc

lundi 6 octobre 2008

6 octobre 2008

frotte frotte ce ligament de pierre
frotte frotte frotte-le longuement
il y a la cime et il y a le sang
tu n'as jamais survécu aussi longtemps

tu te rappelles-tu la langue à l'âme
les viscères fiers le feu source de vie
tu te rappelles-tu on ramait dans le silence
on courait dans l'herbe comme des vieux enfants fous
on allumait les branches qui nous brûlaient les yeux
tu te rappelles-tu il y avait des azurs embaumant les copeaux de bois
ça devenait rouge sous nos pas

roule roule roulade d'amour floral tu t'enlaces mieux que moi
roule roule roule-la mon amour tes doigts me ressemblent ils sont plus effilés que les fleurs du mois de mai
prends-moi mes sens me tuent tu ne vois pas prends-moi par là-bas il n'y a pas d'innocence si tu me suis il n'y a pas d'innocence non

pourquoi tu frottes tu frottes la pierre qui ne s'enflamme pas
et toi qui te roules qui te roules les bras en l'air battant les étoiles dans tes paumes ça sent le ciel l'enfilade du ciel ça me parfume et mes étoiles de mer se baignent sur mes cuisses que tu cueilles que tu cueilles

pleure pleure pleure-la encore tu ne la pleureras jamais assez la tombe de mon ombre et le soir mon amour tes yeux me soignent de toutes mes incertitudes

dimanche 5 octobre 2008

5 octobre 2008

la gestation des sourds
l'oubli conscient et sans cesse amoindri
du monde qui tourne autour de nous

on se plaint les mains pleines et le dos rond
la bouche s'esquive trace des beurrées de larves
et les yeux dans les oreilles on crie partout qu'on est ici
pas pour longtemps encore
on se sent fort dehors quand l'escouade de l'ignorance
squatte la rue des remords

n'y a pas de raison de pleurer les yeux et les oreilles dans le vinaigre
ça se triture dans les tripes et ça sent la mort

ça se travailles-tu de l'amour consommé en cachette
faire à semblant de faire mes petites affaires de rien
pour être sûr de ne pas faire de mal à personne
de ne pas prendre la place de quelqu'un d'autre
au cas où il faudrait soudainement devenir un homme

la gestation des sourds
dans le ventre poli et propre de la caisse enregistreuse mangeuse de piasses
il ne fallait pas attendre un remboursement
l'auto-dérision n'arrive jamais à temps
et demain comme une révélation patricide le coeur muet pour mieux se tapir dans le silence

samedi 4 octobre 2008

4 octobre 2008

battre la cadence la perceuse perce perspicace entrée le violon violacé parle en verlan glisse sensible la cheville vrille perd prend place retrace perdure la fioriture du moment surprend suspens parcellaire

hume ça sent la vanille l'espadrille en escadron l'escouade d'esturgeons l'assassinat sanctuaire suave le saphir frémit frimas de plomb blond le long des côtes fracturées la cime mue sur le ciment froid

vendredi 3 octobre 2008

3 octobre 2008

lignes quadrillées remplies de phonèmes
tu peuples tes lettres attachées se dénouant dans la marge

tente-roulotte toute ouverte retenant la teneur trouble des ratons laveurs patriotes et des loutres ramoneuses

le limon d'un parcours lésé
les traits de caractère reflétés les reflets de l'évier
le bouchon ne bouche plus l'ouverture trempe
la trappe prête des serments au grenier
un coffre lourd masse les années les entassent dans les piles de papier

un groupe carnassier croquant la pomme du rouge écolier
et les lettres maintenant moulées
ardoise gravée du geste grave d'exister