samedi 31 janvier 2009

31 janvier 2009

dans le lit posé sur l'oreiller empli d'un duvet doux une perle en équilibre à peine plus légère que le blanc qui l'embaume la taie d'oreiller brodée à l'ancienne de gros traits grossiers de fils fluides la ligne du temps cousue soigneusement à la machine un matin de rien où moi tranquille au lendemain de nos infâmes retournements les traces presque effacées ancrées par le passage blême des hydravions couleur soleil se reposant sur les flots d'une boucle un peu rebondie le courant bien chaud des ondes charismatiques nous transperçant dans la mince courbe formée par l'empli du poids rescapé à l'échappée bijou précieux suspendu

à l'ornière d'un cou dénudé la chair beige présentée au présentoir du présent indiqué sur l'affiche en français le pronom imparfait le haut du cou menant vers un menton en chardon aux étroites dimensions silencieuses

dans le lit au creux du mystère se plante la perle du nombre de doses circulant à l'interne entre le matelas peu expérimenté et l'embryon aux hormones de morphine allant chercher Morphée le plus tôt possible la coucher près de soi puis supporter sa robe aux jambes affirmées la contempler elle la bruine collée aux fenêtres et le grand jour s'égrainant sans faire de miettes

vendredi 30 janvier 2009

30 janvier 2009

ça suinte dans les barreaux la mort ou plutôt non une peur bleue dure comme fer frôlant la dérision l'état mental du déchu c'est à genoux que ça se passe habituellement habité par des ampoules crues qui clignotent

de percer les couches durcies le long des longs corridors hurlants les genoux fracassés mis à vif sous le jugement pénal la sentence prononcée à outrance dans un langage surhumain surexpressif surestimant la justice blindée par les hommes de sa race dérogeant l'espérance de s'évader un jour de s'évader non car il n'y a pas d'issues lorsqu'on est un crime il n'y a pas d'issues le crime a la tâche lourde à porter des boulets enchaînés tout le tour des deux chevilles

ça suinte dans les barreaux la mort ou plutôt non une peur bleue carcérale les pensées surveillées en veille suicidaire dans un état de conscience contrôlé

mercredi 28 janvier 2009

28 janvier 2009

grandes fenêtres rondes
ovale sentiment d'une intensité méconnue

averses intermittentes
où le soleil cherche son passage
cherche au travers la masse accumulée

sang de dragon rouge lance-flamme
puits aérien
puisé à même la fontaine
à la source
lumière en fuseau

abréger la course
l'extraire en unité
la modeler
en faire un feu d'artifice

s'abstenir au devenir de la surcouche
la panse détrempée
sur du papier pente à crayon

zigzag effilé -- sourire papillon -- état gazeux
au bout -- une enclume

mardi 27 janvier 2009

27 janvier 2009

il ne faut pas l'interrompre elle dit les choses comme elle les sent ne fait pas tellement confiance aux bruits racontés se fonde surtout sur ses nerfs tendus en corde raide elle écoute dans son sommeil et prévient les siens lorsque l'arc crie trop fort sur le bord de déployer ses flèches à répétition elle sait viser le centre de toute cible sans pour autant s'esquiver parfois elle disparaît pour revenir tout de suite après la fête bien pleine de nouvelles bordées de neige

la feuille de chêne aux bouts arrondis surprend par sa forme perdure à en perdre haleine se prouve à elle-même la force à venir et les collectes de croisées nous regardant à tour de rôle dans l'objectif plutôt caché d'apprendre les codes mnémoniques d'une survie non préméditée

lundi 26 janvier 2009

26 janvier 2009

loufoque tentative de s'abstenir
ablation littéraire la bride bien tenue du pauvre partage des lettres
scribe à la chandelle où le pot d'encre s'entrepose en silence
trésor relié par des fils d'or les pages fines telles des étincelles folles
il n'y avait pas d'escabeau pour atteindre les rangées supérieures
grimoires à l'effigie d'anciennes armoiries
où les lances les épées les chevaliers intrépides s'agrippaient aux devantures larges des croyances à défendre
personne ne plissait les yeux quand la terre prenait de force les marées montantes
c'était un plongeon en ligne droite aucunes éclaboussures sur les flancs

fuir la loufoque tentation de couler à pic d'enfoncer le clou saillant au thorax
se faire éliminer pour s'épandre comme un adjuvant gelé
l'abstention provoquant des reflux transversaux
des vers lyriques infestant les zones du trépas

dimanche 25 janvier 2009

25 janvier 2009

y fait beau dehors
n'ai pas de raison de rimer fort
la plaine s'étale au devant
puis la semence se tubérise
t'avais travaillé toute la journée
tes doigts s'écornaient aux jointures
les foins fumaient en secret
pendant que tes cheveux m'embaumaient
t'avais perdu la boule
la romance mûrissait sagement au coin du pâturage
c'était le cheval de la ferme d'à côté
qui revenait au galop grimpant
auprès de sa jument jumelle lavée à l'eau de javel
penaude tirant sur ses fers blancs
la nuit aussitôt tombée
on proclamait les hurlements des loups
au travers des rites
la mythologie où les dieux dansent
à l'échelle des bêtes
la lune engrossée par le globe terrestre
mettant au monde
la frêle existence du destin à parfaire

y fait beau dehors
toujours selon la perspective
de celui qui découvre
les parois étrangères
de son propre salut

samedi 24 janvier 2009

24 janvier 2009

compte à rebours à l'envers de 1 à 10 en partant de zéro la charge charnelle en matière avancée pour réapprendre la vie à travers la mort la côtoyer dans sa construction du sens à nous de notre langage la plante des pieds aussitôt posée sur la terre ferme l'oeil du jour ne clignant qu'à l'arrivée de la foudre le coeur parcourt l'effet inversé remonter la pente en train de la descendre l'amour qui se croise au milieu en plein milieu lorsque le plateau se fige à la fleur de l'âge se tient en équilibre le temps de reprendre son souffle de poursuivre sa route les rides dépliées soigneusement le garde-fou prélève le paradoxe construit en miroir ta vieillesse humaine au chaud bercée par le cumul de l'expérience recueillie dans ta régression à l'autre

dimanche 18 janvier 2009

18 janvier 2009

un homme chauve devant sa télévision
il est submergé par le sofa
enfoui dans sa carcasse
rivé sur les pauses publicitaires alléchantes
tons marketing préfabriqués

la télécommande grasse
taches d'huile hydrogénée se disputent les postes
l'antenne parabolique aux ondes captées en orbite

c'était un homme chauve
on ne l'entendait jamais
juste les bruits de fond de sa télévision
les éclats de voix d'animateurs
aux têtes laminées d'avance

en permanence le claquement
des talk show
des téléromans des soaps
la dynastie des programmations fidèles

c'était un homme chauve
peut-être dans la cinquantaine
aucun témoin
pas de famille pas d'amis
pas d'avenir ni de passé
sa télé ouverte en tout temps
l'ayant tout absorbé

le sofa encore imprimé
par le poids du spectre
des taches d'huile
à l'écoute
du dernier bulletin de nouvelles

vendredi 16 janvier 2009

16 janvier 2009

il avance tout droit sans jamais s'arrêter paie le ticket de bus sort sa montre vérifie consciencieusement la véracité des aiguilles la petite trotteuse trotte se passe la main dans les cheveux avant de pousser la porte tournante reprend son air se renfrogne la nuque rentrée dans son cou se frotte les yeux trop de lumière d'un coup remonte d'une main sa paire de jeans la ceinture restée à l'appartement presse le pas tout en jouant du coude pour dépasser se rend compte que ses lacets sont détachés et traînent par terre s'accroupit les rattache se relève d'un bond et marche sa quête lui est inconnue il ne comprend pas ce qu'il lui arrive c'est arrivé comme ça s'est levé du bon pied qui s'est mis à foncer à l'amener droit devant pas question de reculer la piqûre express de la peur de mourir une peur bleue aux gros yeux ressortis l'orbite puis son satellite complice un compagnon que l'on croit

a continué sa route pendant plus de vingt ans

objectif : créer de l'espace pour clore la quête en évitant à tout prix la parabole d'une mort imberbe

jeudi 15 janvier 2009

15 janvier 2009

avais honte de t'aimer en secret sous les saules pleureurs où les merles nous guettaient il pleuvait des plumes de soie les écorces nous parlaient des psaumes répétés maintes fois récités par coeur sur le bout des doigts les herbes hautes nous rapportant le présage désiré la nuit ramait sur ses eaux salées pendant que les pierres rondes réchauffées par le jour nous recueillaient sans faire de bruit combien de temps avons-nous couru ensemble les jambes entremêlées quand peux-tu me dire tranquillement le sol m'a quittée pour rejoindre le fond de l'océan aurait-il fallu le retenir aurais-tu voulu rester nos projets fous enfouis sous un tas de trèfles pour qui ta rengaine éteinte s'était-elle ravivée la rage ravagée au milieu du pavé le ravin ajourné et toi de dos me faisant face le visage prêt à tout m'avouer la voix muette et le corps se laissant tomber vers l'arrière faisant confiance au monde des montagnes tel un objet fier aux reflets alcalins

mercredi 14 janvier 2009

14 janvier 2009

tu m'effraies lorsque tu t'écartes des bornes de mes veines rugueuses
nos insomnies communes nous troublent nous reportent vers d'autres soucis

dans la soute à bagages des laissez-passer aux regards fermés
de geindre ça devient des cris saisissants ça se répond par en dedans et ça craint la disparition

tu aurais eu raison de clamer l'innocence de tous nos ennemis si seulement tu avais su tu savais ma mort avant... ou après?

lundi 12 janvier 2009

12 janvier 2009

face de plâtre acclamée dans les rues
proverbe échappé par terre puis remis dans le panier
on pouvait bien lui tirer une roche
s'asseoir dessus
attendre qu'il se relève
oui la victoire sonnait fort les applaudissements
l'idolâtrie freudienne d'une boîte en carton
on ne l'avait jamais remarqué auparavant
pourtant il était là le sifflet au cou
le crayon rongé par la colère
les saltimbanques lui chantaient
des épopées lorsque couché sur le seuil
on voulait le toucher le marquer au fer rouge
lui signifier la faute qu'il aurait pu commettre
s'il avait su faire mieux que l'histoire de sa propre histoire manquée
alors qu'il avait tout abandonné
un soir de semaine
pour se coudre les yeux de la face aux patchs de plâtre
ne plus remplir les trous
de fausses intentions
le visage à l'extrémité de l'usure

on lui avait donné
son congé sans solde

samedi 10 janvier 2009

10 janvier 2009

pensées et observations du défunt intemporel - III -

spontanéité éblouie
devant le miroir
du génie
la veine subtile
coulant dans l'entremise
de mes doigts chastes
tremblements appréciés
égarement
par l'entremise de mon
regard l'oubli des mots
ne comptent plus
tes cordes me pincent
l'âme et me crèvent
l'abcès
te prie de continuer
--
ça vibre vrombisse
et ça monte au creux
de ma nuque

vendredi 9 janvier 2009

9 janvier 2009

pensées et observations du défunt intemporel - II -

la démarche marquée

de ponctuations humaines
éclats pluriels
le sourcil coincé
dans le coin du front
plissé
et le retour d'une innocence évanouie
insouciance souriante
aux yeux bleu pâle
--
allers et venus
d'une passion charnelle
ritournelle claire
claironnée
chantée à tue-tête
la bouche en
pleine extension

jeudi 8 janvier 2009

8 janvier 2009

pensées et observations du défunt intemporel - I -

cerisiers en fleur
pétales descendant
doucement dans le vent
l'air aux tanins fruités
voyage de légers papillons
blancs
vrilles spontanées
--
petits pas de danse d'une jeune japonaise
couverte de soie aux
boutons d'orge
le pouls palpite près
des seins pointus
le travail assidu
d'une quinte de pluie

mercredi 7 janvier 2009

7 janvier 2009

présence impromptue l'ouverture faisant face au vertige grisant le tourbillon ému d'un flux magnétique le courant à contre-courant le cours de sa course pris au large de son corps crevassé ça frisait la tempête brute les marées abruptes empruntant le large une mise à nue qui désarçonne parce qu'il y avait tant à se dire en si peu de temps

ta langue lente se déliant la névrose frissonnante d'une fusion souterraine où le fjord férié rencontre la mer morte le sel sanitaire déployé dans l'attente tendre de tes lèvres tendues

ta présence m'était mûre la mienne moite à tes élans

mardi 6 janvier 2009

6 janvier 2009

la marche était haute une pente abrupte avant d'entamer la réelle montée le filage rondement tendu entre les points d'arrivée sa vieille boussole déboussolée cabossée aux allures de navigateurs conquistador la grosse moustache penchée sur les directions outre-mer elle tenait en équilibre au-dessus du vide marchait sur la pointe des pieds dans la douce parure funambule d'effleurer le support comme une mise en suspension la matière oubliée une fraction de seconde le coeur aux battements ponctués à un rythme régulier pour une concordance parfaite d'un parcours calculé la symétrie du mouvement des bras balancement des hanches à l'angle des rotules en escale à tour de rôle l'engrenage épuré le long du fil de fer quasi invisible l'interruption totale des bruits ambiants et des distractions routinières focalisation concentrique sur ses sens en alerte

elle savourait sans attache sa soudaine liberté sa vie mise à l'écart sur la sellette un pari sans filet pour vaincre le néant mais pourtant le réel se secoue bourrasque imprévue de l'instable moment présent chez qui la jalousie d'un équilibre ébranle le penchant au désordre à l'imprévisible portail ouvert elle le pied écarté la plante du pied insoutenable l'appui filaire en fuite elle d'un instant libre trop libre persécution concrète de la femme fumée folle ayant rêvé d'être légère comme l'air

dimanche 4 janvier 2009

4 janvier 2009

surprise en frise du dentifrice sur tes cuisses pommade à la cassonade des tirades d'orchidées aux corolles rafistolées sur du papier de soie bleu poudre d'acier

trois gouttes d'édulcorant dans un verre en verre transparent les silicates se censurent se fissurent se sensualisent sulfite et falsifications de cartes d'identification la friction fractionnaire parmi les légionnaires en caleçon clavecin cintré trente ténors au torse contrecarré la balance du croque-mort indiquant la morgue au sous-sol des contre-indications de cadavres inconnus courte séquence d'une incarcération incinérée

vendredi 2 janvier 2009

2 janvier 2009

un minuscule présent tout fragile aux os friables
au coeur de la nacelle une offrande friande fraîchement déposée
franche façon de se dire adieu
alors que le ballon se gonfle
l'air chaud se condense dans un passé volant

montgolfière ma tombe
montée au ciel

jeudi 1 janvier 2009

1er janvier 2009

bonne nuit qu'elle m'a dit
avant de partir
les beignets reposant encore dans la soucoupe blanche
déposée sur le coin du comptoir
un rayon de lune traversant le salon
bonne nuit de lui répondre
ses mains gercées qui tremblaient sur les miennes
et la même pensée flottante
l'urne à amener avec moi
près des berges
longer le fleuve jusqu'à Pointe-Lebel
là où l'eau rejoint les lignes de l'horizon
enregistrer tous les mouvements des vagues
attendre une éclaircie une percée de soleil
attendre la bonne lumière
celle qui ne fait qu'éclabousser la brume du crépuscule
attendre encore debout fier et droit une brise franche un vrai vent fou
puis libérer les cendres d'un coup
lever les bras au ciel et sourire comme jamais